Les collégiens occupent différemment leur temps libre, rapporte une nouvelle Note de la Depp. La direction des études du ministère de l’Éducation nationale identifie 6 profils différents de collégiens qui ont à voir avec les inégalités sociales.
Le travail scolaire reste très important
Il faut lire cette Note de la Depp déjà pour constater à quel point le travail scolaire organise le temps libre des collégiens. « Les collégiens ne s’affranchissent pas pour autant de leur condition d’élèves, au contraire : 84 % travaillent pour le collège le week-end, 82 % les après-midi au retour du collège et les trois quarts d’entre eux consacrent tout ou partie du mercredi après-midi à leurs devoirs. Au total, les activités scolaires comptent pour 3 des 7 activités les plus fréquentes », écrit la Depp. En contre coup, « moins d’un collégien sur deux lit au moins une fois par semaine des romans ou des essais et moins d’un sur quatre pratique une activité artistique ou un instrument de musique. L’écoute régulière de la musique classique ou du jazz est encore plus rare ».
Les 6 profils
Surtout, la Depp définit 6 profils de collégiens. À commencer par les « générationnels » soit un collégien sur 3. Ils ont des occupations typiques de leur génération : du sport 3 fois par semaine, ils écoutent de la musique, pratiquent les jeux vidéo, échangent tous les jours par internet avec leurs amis, mais n’oublient pas de faire leurs devoirs. Malgré tout, leur niveau scolaire est un peu en dessous de la moyenne.
Les bons élèves, ce sont les « héritiers », soit un jeune sur cinq. Héritier d’abord par le milieu social privilégié. Ils font du sport, mais en club. Ils lisent beaucoup plus que les autres (plus des 2/3 lisent régulièrement des romans et des essais contre moins de la moitié des collégiens). Ils écoutent de la musique classique et du jazz. Ils passent moins de temps devant les écrans et jouent moins aux jeux vidéos. Ils ont moins de relations avec leurs camarades.
Suivent deux groupes d’importance égale (15% des collégiens) : les « rétifs au sport » et les « sportifs non scolaires ». Les rétifs au sport sont moins de 1% à faire du sport au moins une fois par semaine (contre 83% des collégiens). Mais ils ne lisent pas plus pour autant et travaillent moins leurs devoirs. Ce sont des enfants d’employés et d’ouvriers et surtout des filles.
Les sportifs non scolaires font du sport plusieurs fois par semaine. Ils jouent aux jeux vidéos plus souvent que d’autres, mais consacrent peu de temps au travail scolaire. Ce sont des garçons plutôt enfants d’ouvriers et d’inactifs. Et des élèves de niveau faible.
Les équilibrés (12% des collégiens) accordent plus de temps aux devoirs et un peu moins au sport et aux jeux vidéo. Ce sont des filles, des enfants de classe intermédiaire et globalement des élèves de niveau fort.
Enfin, il reste « les isolés » (8%) : les deux tiers n’ont jamais joué et ne sont jamais sortis avec des copains. La moitié n’écoute jamais de rock ou de rap. Ils lisent très peu et utilisent très peu Internet. Ils font du sport et leur travail scolaire. Ce sont des élèves de niveau faible.
Pour quoi faire ?
À quoi sert cette classification pour les enseignants ? D’abord à relativiser le poids des jeux vidéo dans les pratiques des collégiens. Le travail scolaire, le sport (contrairement à ce qu’on raconte), la musique passent bien avant. Ensuite à cela peut aider à mieux situer ses élèves. Notamment pour ceux dont on peut penser qu’ils ne travaillent pas.
François Jarraud