Comment revivre le périple de 5 ans autour du monde de Charles Darwin ? En lisant les séries de tweets proposées par Guillaume Calu ! Cet enseignant de SVT écrit chaque jour sur la vie à bord du Beagle, le navire du naturaliste anglais. Avec une certaine fraîcheur et toujours bien illustré, ce compte twitter ne manque pas d’intéresser au-delà des enseignants de SVT. Les préparatifs du voyage, le détail des visites du chercheur et ses nombreuses espèces décrites sont relatés sur le fil numérique. « Chroniquer le quotidien de Darwin au cours de ce tour du monde est une aventure gratifiante sur le plan imaginaire comme intellectuel ». C’est aussi une aventure pédagogique.
190 ans après
« Le 27 décembre 1831, Charles Darwin embarque à bord du HMS Beagle pour un tour du monde qui révolutionna les sciences naturelles ! », annonce le compte Twitter dédié à l’expédition. Jour après jour, 190 ans après le départ de Charles Darwin de Plymouth en Angleterre, les tweets de Guillaume Calu exhument le journal de bord de Darwin. « Depuis le 14 novembre 2021, j’ai décidé de chroniquer cette expédition fondatrice de la pensée darwinienne », dit l’enseignant.
Après avoir rassemblé une bibliographie sur le sujet avec plusieurs éditions des ouvrages phare, Guillaume Calu rédige de nombreux tweets et même des threads sur les escales du naturaliste. « Il m’arrive même d’en rédiger jusqu’à deux par jour ! D’aucuns qualifieraient ce travail sur twitter d’œuvre démentielle, superflue. Et pourtant, chroniquer le quotidien de Darwin au cours de ce tour du monde est aussi une aventure gratifiante, sur le plan imaginaire comme intellectuel ».
Le journal de bord du vice-amiral Robert FitzRoy est également passé en revue. « Je raconte au jour le jour le quotidien de Darwin en me basant sur ses propres écrits », explique l’enseignant. Sur un tweet, on peut lire : « FitzRoy, sensible à la protection du HMS Beagle en cas de mauvais temps, fera réduire les sabords pour éviter que ces orifices n’aident le navire à chavirer. En capitaine avisé, il n’eut de cesse d’améliorer son navire et son équipement ». « Le vrai objectif de cette expédition était de cartographier l’Amérique du Sud », rappelle l’enseignant passionné. « A 22 ans, Darwin profitait pour débarquer dès qu’il pouvait et observer les espèces ».
Un réinvestissement en classe
Guillaume Calu met beaucoup l’accent sur ce voyage autour du monde lorsqu’il évoque l’évolution en classe de seconde. « Darwin est aussi touchant en temps que personne humaine. Il prend conscience de beaucoup de choses comme l’esclavage ». L’énergie du naturaliste et les péripéties de son périple ne peuvent qu’émerveiller et intéresser les lycéens.
Au collège, Guillaume Calu ne perd pas une occasion pour évoquer le chercheur. « Quand on apprend à classer les espèces, j’utilise les êtres vivants répertoriés par Darwin au cours de son voyage ». Un autre tweet raconte : « le 5 novembre 1832, randonnée à cheval de 6 lieues (29 km). Darwin y croise les nombreux terriers de viscaches, un rongeur aux mœurs nocturnes. Mais aussi une petite chevêche au regard inquisiteur ».
Finalement, l’enseignant voit aussi en Darwin « un blogueur qui relatait ses impressions et qui livrait le fruit de ses réflexions de jeune homme découvrant le monde. Darwin était un esprit ouvert et progressiste ». L’inspiration venant de ce périlleux voyage qui aboutira à la biologie moderne n’en finit pas d’enthousiasmer Guillaume Calu, intarissable sur le sujet.
« Le confort de ses propres connaissances devient rapidement une prison dorée. « Certitude, servitude » écrivait Jean Rostand. Et c’est là une leçon majeure du voyage de Darwin. Partir à la rencontre du monde, c’est prendre le risque de quitter sa zone de confort. Mais aussi de bousculer ses propres conceptions, de briser des convictions sans cesse répétées. Au final, c’est peut-être cela, être un naturaliste moderne », conclut-il.
Julien Cabioch