Pour une fois le ministère n’attend pas la dernière minute pour communiquer le protocole sanitaire de rentrée. Mais encore une fois c’est un protocole allégé qui est proposé avec notamment la fin des politiques spécifiques aux publics scolaires dans plusieurs domaines, comme le port du masque. Cette publication ne doit pas faire oublier l’absence de mesures concrètes pour faire face à une pandémie qui s’installe. A la rentrée il n’y aura pas davantage de masques FFP2, de capteurs de Co2, de ventilation mécanique ou d’aide administrative pour les directeurs. C’est comme si l’éducation nationale n’apprenait rien de l’expérience des années précédentes.
Le maintien en classe privilégié
Avec un taux d’incidence proche de 1000, et l’arrivée d’un nouveau variant, on aurait pu attendre un protocole assez sévère pour la rentrée. Il n’en est rien et le ministère annonce même aux syndicats des allègements significatifs.
» Pour l’année scolaire 2022-2023, le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse maintient une stratégie reposant sur un enseignement en présence, pour la réussite et le bien-être des élèves, tout en limitant la circulation du virus au sein des écoles et établissements scolaires. Une cohérence avec les règles applicables en dehors du milieu scolaire est également recherchée pour cette année scolaire ». Clairement le ministère privilégie le maintien des élèves en classe. Le nouveau protocole ne prévoit d’hybridation que pour les lycéens uniquement au niveau 3 (rouge). Tous les cours sont maintenus à l’école et au collège quoiqu’il arrive, dans la continuité de la politique blanquérienne.
Alignement sur les mesures grand public
La principale nouveauté c’est l’alignement de l’école sur les mesures grand public pour le port du masque, quel que soit le niveau du protocole. Il n’y aura plus de mesure spécifique pour les élèves et les enseignants, alors même que les épidémiologistes reconnaissent le role particulier de l’école dans la transmission de ce type de maladie. Les règles du grand public s’appliqueront aussi pour le signalement des cas et le retour en classe.
3 niveaux
Le ministère annonce 3 nivaux de protocole mais continue à ne donner aucune indication des conditions de passage à un niveau. Cette décision reste politique car c’est le conseil de défense qui le décide. Un engagement d’importance : le ministère s’engage à respecter un délai de 10 jours pour le changement de niveau.
Au niveau 1 la seule mesure spécifique consiste en la désinfection des surfaces les plus touchées une fois par jour. Au niveau 2, le brassage des élèves est limité par niveau, le nettoyage est renforcé et les activités physiques en intérieur nécessitent une distanciation. Au niveau 3, le brassage est limité obligatoirement notamment pour la restauration dans le 1er degré qui doit se faire par calsse. En intérieur ne sont autorisées que les activités physiques de basse intensité.
Reculs sur les mesures concrètes
Le ministère prévoit de nouvelles mesures pour la rentrée. Il promet de commander 100 millions de masques chirurgicaux pour la rentrée mais envisage déjà de les remplacer par une prime. Il ne distribuera plus de masques FFP2 ou de masques transparents sous prétexte qu’ils seraient peu utilisés. De la même façon le ministère va économiser les autotests. Les stocks non périmés seront écoulés mais peut-être pas remplacés sous le même prétexte.
Le ministère « recommande » d’équiper les écoles et établissements de capteurs de Co2. Selon lui, 41% des écoles, 78% des collèges et 97% des lycées disposeraient d’au moins un capteur, une estimation qui n’a pas grand sens pour les établissements. Concrètement rien n’est fait pour adapter les locaux scolaires à une épidémie qui s’installe de façon durable. L’aération, qui est la clé de la lutte contre le virus, est toujours laissée aux vieilles recettes (ouvrir la fenêtre) dont on a pu constater l’efficacité très relative l’hiver dernier. Cet immobilisme est d’autant plus remarquable que les établissements scolaires sont astreints à vérifier la qualité de l’air intérieur par une loi que le ministère se garde de faire jouer.
Il y a un autre domaine où on pouvait attendre une action ministérielle. C’est le soutien administratif aux directeurs d’école. La gestion du covid génère un travail administratif important, ne serait ce que pour répondre aux demandes des autorités académiques. Ce marathon va reprendre à l’identique à la rentrée. De la même façon la chasse aux remplaçants va reprendre dans des conditions encore plus difficiles compte tenu de la crise du recrutement. Sur tous ces points le ministère n’a rien appris. Mais il compte sur vous…
François Jarraud