Le 16 juin 2022, à l’écrit des Épreuves Anticipées de Français, les 1ères séries générales ont planché soit sur le commentaire d’un extrait du roman « Jours de colère » de Sylvie Germain, soit sur une dissertation autour du recueil poétique étudié dans l’année. Ces sujets « de secours » se sont avérés sans surprise. L’écriture très « littéraire » de Sylvie Germain programme sa prose pour l’étude académique de type « morceaux choisis » : il s’agit d’un morceau de bravoure rhétorique à disséquer et/ou admirer. Les 3 sujets de dissertation reprennent les angles des programmes : l’intimité du chant hugolien, la transmutation baudelairienne de la laideur, la modernité poétique d’Apollinaire. Ces sujets conformes aux attentes rassureront les enseignants et les élèves consciencieux. De manière plus générale, ils apparaissent comme le miroir exact, donc désolant, de programmes qui transforment la littérature en simple objet scolaire, vide de tout autre enjeu que le bac de français lui-même. Pour une expérience authentique, sensible et réfléchie, d’une littérature vivante, allez voir ailleurs qu’au lycée ?
Dans les séries technologiques, le commentaire a porté sur un extrait du roman « Germinal » de Zola. Pour la contraction et l’essai, les élèves pouvaient choisir un texte de J. de Romilly (Dans un monde qui change, a-t-on besoin d’une éducation nouvelle ?), d’Henri Amer (Peindre les hommes, est-ce toujours avoir « le souci d’être vrai » ?) ou de Martine Reid (Ecrire et combattre pour l’égalité, est-ce viser forcément une efficacité immédiate ?). Commentaires à chaud d’une enseignante : « L’extrait du roman de Zola présentant les deux chevaux du fond de la mine est un très beau choix. Le pistes proposées sont très évidentes, trop peut-être. On peut craindre beaucoup de paraphrase si les élèves n’interrogent pas assez l’enjeu des registres et tonalités du texte. En tout cas, il y a beaucoup à dire et, si les candidats et candidates sont sensibles aux riches images proposées, ils et elles ne manqueront pas de matériau pour construire leurs parcours de lecture. Les textes proposés à la contraction sont cohérents par rapport aux différents parcours, même s’ils sont un peu longs (environ 800 mots contre les 750 de la prescription). Les schémas argumentatifs sont clairs, la tonalité globalement didactique : les candidats et candidates ne devraient pas traverser trop de difficultés. Concernant le parcours que je connais le mieux parce que c’est celui que mes élèves ont travaillé, le dernier « écrire et combattre pour l’égalité », il est sans doute un peu dommage d’avoir choisi un texte pour la contraction écrit par une femme au sujet d’une autre femme (mais quelles femmes !). Associé à l’étude de la DDFC d’Olympe de Gouges réalisée pendant l’année, les candidats et candidates auront sans doute du mal à élargir leur réflexion sur la littérature au service de l’égalité au-delà de la seule question féministe. »
Propos recueillis par Jean-Michel Le Baut