« Une écoute réelle ». Le 24 mai, Pap Ndiaye a reçu pour la première fois les syndicats de l’Education nationale, en commençant par les deux plus importants, la FSU et l’UNSA. Pap Ndiaye les a longuement écouté, rompant ainsi avec les pratiques de son prédécesseur. Si les syndicats ont pu insister sur les questions les plus urgentes, comme la rentrée ou la revalorisation, le ministre n’a rien laissé paraitre de ses intentions. Si ce n’est celle de maintenir le dialogue. Le ministre écoute. Mais peut-il s’écarter de la feuille de route élyséenne ?
La nouvelle méthode
« Le dialogue avec toute la communauté éducative sera un principe important » avait déclaré Pap Ndiaye le 20 mai. Il tient parole en recevant dès le 24 mai les deux principales centrales syndicales, la Fsu et l’Unsa. Le ministre est accompagné de son directeur de cabinet, JM Huart et de Julie Benetti. Animatrice du pole éducation de la campagne d’E. Macron, elle devrait intégrer le cabinet de P Ndiaye comme conseillère spéciale ou conseillère sociale.
« Pap Ndiaye a beaucoup écouté et il a insisté sur la nouvelle méthode qu’il prétend mettre en place : nous écouter et aussi répondre aux questions », nous a dit Benoît Teste, secrétaire général de la Fsu, à la sortie de la réunion. Frédéric Marchand, secrétaire général de l’Unsa Education, parle lui aussi « d’une écoute réelle » et d’une « bonne prise de contacts sans véritables engagements ». Les syndicats sont repartis sans annonces, y compris sur les sujets qui deviennent très urgents comme les recrutements pour la rentrée.
Une décision attendue sur les maths au lycée
Un seul sujet semble vouloir évoluer rapidement : les maths au lycée général. « Le ministre a posé des questions sur les maths au lycée avec une insistance curieuse », nous a dit B Teste. « S’il met en place 1h30 de maths pour les élèves qui ne prennent pas la spécialité maths cela va être difficile à organiser pour la rentrée. On craint la désorganisation ». « On souhaite que le changement n’ait pas lieu à la rentrée 2022 », confirme F Marchand. Emmanuel Macron a annoncé lors de sa campagne électorale le retour des maths dans le tronc commun. Le Conseil Supérieur des Programmes consulte en ce moment sur un projet de programme. L’Elysée pourrait vouloir concrétiser sa promesse très rapidement. Quitte à ce que les établissements aient du mal à suivre.
Revalorisation et recrutement : en attente
Si les syndicats craignent une évolution très rapide sur cette question, d’autres, encore plus urgentes, pourraient attendre. « Le ministre a pris note de nos demandes sur la revalorisation. Pour nous il faut aller vite aussi bien au ministère de la Fonction publique (pour le point FP) qu’à l’éducation nationale. Le ministre a dit qu’il y aurait des discussions avant l’été », dit B Teste. »Pour lui c’est lié à la question de l’attractivité du métier d’enseignant. Mais il n’a pas donné de détails », explique F Marchand.
Pap Ndiaye « est conscient des difficultés de recrutement », confirme B Teste. « On lui a dit qu’il faut employer les inscrits sur listes complémentaires et garder les contractuels. Il a opiné du chef. Mais a t-il les moyens pour le faire ? ». « Notre alerte sur le recrutement a été entendu par le directeur de cabinet », estime F Marchand. « Il va falloir aller sur du pluriannuel pour garder les contractuels ».
L’Unsa Education a rappelé que la loi sur le harcèlement prévoit la CDIsation des surveillants (AED) et il a demandé la réalisation des engagements pris en faveur du personnel administratif. Le syndicat a rendu compte du Baromètre Unsa « pour signifier l’état d’esprit de la profession et la nécessité d’apaiser la relation ». Il a posé la question de la mixité sociale et scolaire et de l’école inclusive.
Pas de chamboule tout
La Fsu a demandé l’attention du ministre sur la montée des inégalités, notamment avec la réforme du lycée, et des discriminations. Pap Ndiaye a déclaré qu’il y serait attentif. « On a alerté sur le fait que le ministère du Travail récupère des dossiers comme l’apprentissage et par suite la voie professionnelle. On lui a dit que pour nous c’est une ligne rouge », dit B Teste. Un autre sujet est venu sur la table, celui des 6 enseignants sanctionnés de l’école Pasteur de Saint Denis. « On lui a dit qu’il faut une mesure d’apaisement. Il a pris des notes mais ne semble pas connaitre le dossier ».
Pour la FSU, le ministre écoute mais n’a pas pris de décisions. Le syndicat s’interroge sur l’état des arbitrages budgétaires. « Aura t-il les moyens nécessaires ? Et pour plusieurs années ? », demande B Teste. « Ce ne sera pas un « chamboule tout », estime F Marchand. « Mais il est préoccupé par la fatigue des enseignants ». A suivre…
François Jarraud