Après Blanquer, « Il faut laisser reposer la pâte ». La formule résume la principale attente du premier syndicat de personnels de direction pour l’après Blanquer. Après 5 années de réformes accélérées, les personnels de direction veulent souffler. C’est vrai aussi pour la réforme des maths en 1ère ou celle de la réforme de la voie professionnelle. Pas de chance, Emmanuel Macron a déjà promis de nouvelles réformes. Ce nouvelles années difficiles s’annoncent pour le syndicat.
Maths : Un timing intenable
Alors qu’il fête ses 30 ans, le Snpden Unsa, premier syndicat des personnels de direction, joue la sérénité. A l’couter il serait presque satisfait d’avoir des syndicats concurrents. Et dans le chaos généré par les dernières décisions de JM Blanquer, il affecte de garder la tête froide.
Alors que JM Blanquer a annoncé que la réforme de l’enseignement de maths en 1ère générale s’appliquerait à la rentrée 2022, alors que le Conseil supérieur des programmes publie un projet de programme, le Snpden attend les textes officiels.
Ca ne l’empêche pas de critiquer. « C’est un contre sens absolu de mettre en place un dispositif à la rentrée à cause du timing », explique Bruno Bobkiewicz, secrétaire général. « Le problème majeur c’est l’incapacité de dire des choses claires. Je ne sais conseiller les familles à ce stade ». L’annonce ministérielle n’est suivie par aucun texte sur l’organisation du nouvel enseignement, le public ciblé et encore moins les débouchés dans Parcoursup. Cela alors que les élèves de seconde doivent arrêter leurs choix de spécialité début juin.
Crise du recrutement : un vivier introuvable
Autre formule ministérielle qui ne passe pas : le fameux « vivier » où la rue de Grenelle annonce vouloir pêcher des professeurs pour remplacer l’effondrement des candidatures aux concours. « Je ne sais pas où ils vont chercher ce surplus de professeurs », note Bruno Bobkiewicz. Il a son sentiment sur la crise du recrutement. « L’image dégradée du métier ne fait plus rêver personne. Quand on a un bac +5 dans certaines disciplines on n’a pas intérêt à entrer dans le métier au vu du salaire et des discours tenus sur les professeurs ».
Rejet des réformes annoncées par E Macron
Bruno Bobkiewicz n’est pas plus emballé par les réformes annoncées par Emmanuel Macron . Alors que le président veut donner plus de pouvoir aux chefs d’établissement, notamment celui de recruter les enseignants, le Snpden n’est pas intéressé. « On ne veut pas davantage de pouvoirs « , dit-il. « On n’est pas favorable à l’autonomie du chef d’établissement mais très favorables à celle des établissements. L’autonomie c’est avoir les marges financières permettant de l’exercer avec le conseil d’administration ». Le Snpden déplore que tout ce qui concerne l’autonomie soit en fait déjà fléché. « Tout ce qui est imposé par le système, les LCA, les maths complémentaires etc., doit être financé pleinement ». A défaut il n’y a plus de marge d’autonomie.
La réforme annoncée de la voie professionnelle est mal accueillie. « On vient de réformer la voie professionnelle, souligne Laurence Colin, secrétaire nationale. « Cette année, c’est la première terminale en mode réforme. Analysons d’abord ce qui vient de changer. On vient de faire changer les équipes et on parle déjà de tout modifier. C’est la meilleure façon de décourager les enseignants ».
Laisser reposer la pâte
« On attend du prochain ministre de la concertation, de la communication, de la confiance », dit Bruno Bobkiewicz. « Qu’il ne démarre rien de nouveau avant d’avoir fait le bilan de l’existant. Les collègues ont besoin de laisser reposer la pâte. On n’est pas obligé de réformer tout le temps ». Le Snpden attend aussi du nouveau ministre une autre politique d’inclusion scolaire notamment par rapport aux PIAL qui sont gérés par les établissements. « On aimerait aussi que fut mis plus en avant la mixité sociale et scolaire ». Après 5 années très difficiles, les personnels de direction attendent l’arrêt de la réformite. Alors qu’Emmanuel Macron veut en urgence lancer les réformes du système éducatif qu’il n’a pas pu mener lors de son premier quinquennat.
François Jarraud