La publication le 12 mai des résultats des épreuves d’admissibilité dans de nouvelles disciplines montre que, si l’effondrement du nombre des admissibles n’est pas généralisé, il touche de nombreuses disciplines. Les syndicats dénoncent » un auto-sabotage » (Se Unsa) et exigent des mesures immédiates.
L’ampleur de la catastrophe
On connaitra aujourd’hui les résultats des épreuves d’admissibilité des candidats au concours de professeur des écoles dans les académies franciliennes. C’ets là traditionnellement que le nombre de candidats est inférieur aux besoins. Cette année l’écart pourrait être tragiquement important., au regard à ce qu’on observe dans les académies de province traditionnellement sans problème. Rappelons le taux des admissibles sur les postes offerts de 1.1 à Dijon, 1.4 à Besançon, 1.5 à Montpellier etc.
Dans le second degré on a maintenant une vision presque complète de la situation. Certaines disciplines ne sont pas touchées par la désaffection. Ainsi en histoire-géo on compte 1045 admissibles (à peine moins qu’en 2021) pour 575 postes. En philosophie il y a 295 admissibles pour 129 postes. En SVT il y a 425 admissibles pour 260 postes.
Il y a des disciplines où le nombre d’admissibles baisse sans mettre en danger le recrutement. Ainsi en SES il y a 175 admissibles pour 121 postes. Ils étaient 253 pour le même nombre de postes en 2021. En documentation, on compte 186 admissibles pour 120 postes. Ils étaient 261 en 2021. En espagnol il y a 490 admissibles pour 320 postes. Ils devraient être pourvus même s’il y a presque moitié moins d’admissibles qu’en 2021.
Dans les autres disciplines, des postes vont manquer à la rentrée. On l’a vu en maths où il y a 816 admissibles pour 1035 postes. La moitié des postes devrait restée vacante. En lettres on n’a que 720 admissibles pour 755 postes. Ils étaient 1301 en 2021. En lettres anciennes c’est pire : 60 admissibles pour 134 postes. En anglais il y a 904 admissibles pour 781 postes. Ils étaient 1485 en 2021 pour 797 postes. Là aussi tous les postes ne seront probablement pas occupés. C’est plus d’un millier de postes dans le second degré , soit entre un poste sur 5 et un sur 4, qui ne trouvera pas preneur. Cet effet sera amplifié par la réforme de la formation mise en place par JM Blanquer. Les enseignants qui ne seront pas issus d’un master MEEF, et ils sont nombreux dans le second degré, n’assureront qu’un demi service à la rentrée.
Auto-sabotage ou incompétence ?
C’ets cela aussi qui autorise le Se Unsa à parler « d’auto-sabotage ». « L’habituelle rentrée « techniquement » réussie est ainsi sérieusement menacée pour septembre 2022. C’est alarmant pour les conditions de scolarité des élèves : on court le risque important d’un manque d’enseignants, CPE et PsyEN », écrit le syndicat. « A-t-on jamais vu un employeur se donner aussi peu les moyens d’attirer des candidats ? ».
Le Snes Fsu met aussi en cause la réforme de la formation. « La réforme de la formation des enseignant-es qui entre en vigueur cette année a restreint le vivier d’étudiant-es de la session de concours 2022, du fait du déplacement du concours du M1 (jusqu’en 2021) au M2, sans aucune mesure transitoire. Les nouveaux dispositifs de M2 MEEF, que ce soient le stage d’observation et de pratique accompagnée (SOPA) ou, davantage encore, le contrat d’alternance (ECA), ont induit une charge de travail importante pour les candidat-es et une réduction drastique des cours et des temps de préparation des épreuves écrites », écrit le Snes. « La situation matérielle des candidat-es aux concours n’a pas non plus permis de résorber la crise ancienne des recrutements. Les 125 euros de gratification mensuelle pour les M2 SOPA ont été versés plusieurs mois après la rentrée de septembre, et aucune aide n’est mise en place pour les autres candidat-es déjà titulaires d’un Master, décourageant de nombreux candidat-es inscrits en octobre qui ont abandonné avant les épreuves ».
Le Snes demande la création de listes complémentaires au capes interne. Il exige un plan pluri annuel de recrutements et la mise en place d’un concours exceptionnel à la fin de la session 2022. « La revalorisation des salaires ne peut plus attendre ».
La crise du recrutement, venant après tant d’autres, éclaire la gestion menée par JM Blanquer tout au long de ces 5 années. Quel échec !
François Jarraud