En annonçant le 11 mai sur RTL que l’horaire de maths au lycée sera modifié à la rentrée pour ajouter 1h30 de maths au tronc commun, JM Blanquer a provoqué de nombreuses réactions. A la veille de quitter l’éducation nationale, que cherche JM Blanquer ?
L’annonce de JM BLanquer
« On va mettre plus de maths dans le tronc commun (du lycée). On ajoutera 1h30. Le Conseil supérieur des programmes a préparé un nouveau programme. On a tout fait pour préparer cela pour la rentrée. Ce sera le cas ». Le 11 mai, sur RTL, JM Blanquer annonce par voie de presse aux chefs d’établissement une refonte inattendue des emplois du temps et de la répartition des moyens pour la rentrée.
Un débat ancien tranché à l’improviste
La question de la place des maths dans le cycle terminal du lycée est en débat depuis longtemps. La campagne lancée par des enseignants a trouvé récemment des relais dans les milieux d’affaire comme dans l’enseignement supérieur qui ont fait bouger les lignes. Lors de la campagne électorale, E Macron a annoncé qu’il ajouterait 1h30 de maths dans le tronc commun du cycle terminal du lycée général. C’était la solution retenue par le « comité d’experts » proche de JM Blanquer. Et rejetée par les associations de spécialistes qui demandent une réforme plus profonde.
Reste à voir si c’est possible. Selon le ministère cette mesure, réservée aux élèves ne suivant pas la spécialité maths, mobiliserait seulement 350 ETP. C’est peu par rapport aux 37 000 professeurs de maths. Mais c’est beaucoup alors que le recrutement de professeurs de maths s’avère particulièrement catastrophique cette année.
Mais la vraie nouveauté dans cette annonce c’est que le programme serait déjà prêt et que la décision est prise d’appliquer cette mesure à la rentrée. Jusque là JM Blanquer avait dit qu’il faisait préparer le programme. Et le ministère avait fait savoir que c’est le successeur de JM Blanquer qui déciderait.
Syndicats et associations réagissent
Immédiatement la mesure a provoqué un vrai tollé. « Cette annonce trop tardive relève d’n manque de respect envers les élèves, les familles et les personnels de direction », déclare le Snpden Usa, 1er syndicat de chefs d’établissement. « Rien ni personne n’est prêt pour la rentrée 2022″. ID FO, autre syndicat de personnels de direction, n’est pas plus tendre. » Les professionnels de terrain, c’est-à-dire les personnels de direction et les enseignants qui sont chargés de la mise en oeuvre de ce projet de dernière minute n’ont à cette heure aucune idée de la façon dont ces heures de mathématiques vont être ajoutées », dit ID FO. « Nous n’avons d’ailleurs pas non plus d’annonce officielle sur le volume horaire réel, une heure trente, plus, moins ? Les réponses aux questions qui se posent, à savoir si cela entraînera un retrait des heures dans d’autres disciplines, s’il y aura un impact sur les maths complémentaires, sur les stratégies de dernière minute que vont adopter certains parents et les élèves au regard du choix de la spécialité maths, ne sont, à quelques mois de la rentrée prochaine, c’est-à-dire demain, toujours non connues ».
L’APMEP, qui regroupe les professeurs de maths , n’est pas plus satisfaite. « Les lycées sont en examens, difficile de délivrer une information de qualité à tous les élèves dans ces conditions. Le recrutement ne sera pas à la hauteur des besoins », remarque l’association. Elle rappelle que depuis 5 ans le ministre n’écoute pas le terrain. » Un changement de cap à trois mois d’une rentrée scolaire n’est pas une simple « mesure de bon sens », mais une embardée… dont personne ne peut mesurer les effets ! », remarque le Sgen Cfdt.
Que cherche JM Blanquer ?
En effet il est bien tard pour changer les emplois du temps, réorganiser les services (sur une base encore inconnue) ou même informer les élèves sur les choix de spécialité qu’ils doivent faire (alors que ce choix est définitif dans une semaine).
On peut s’interroger sur la nature de « l’embardée ». A la veille de quitter son ministère, JM Blanquer force les choses. Il impose une mesure qui ne le concerne plus en réalité. Fait-il un cadeau empoisonné à son successeur ?
François Jarraud