Attaqués par l’extrême droite, ils croyaient recevoir protection de leur institution. Mais ces six professeurs de l’école Rep+ Pasteur de Saint Denis sont sanctionnés par le Dasen. Le 12 avril, 4 d’entre eux allaient consulter leur dossier à l’inspection académique. 500 collègues les ont accompagné. Selon leurs soutiens syndicaux, leur dossier contient des évaluations élogieuses, des accusations graves et aucune preuve. La sanction est jugée arbitraire et leurs collègues ne vont pas laisser faire.
Attaqués par l’extrême droite, sanctionnés par le Dasen
Le 12 avril, plus de 500 enseignants ont accompagné les 6 professeurs des écoles de Saint Denis (93) sanctionnés par le Dasen. Traités de « terroristes » par le magazine d’extrême droite L’Incorrect, accusés de ne pas faire travailler les élèves et de fumer des joints dans l’école, ces 6 professeurs de l’école Rep+ Pasteur de Saint Denis ont cherché en vain la protection fonctionnelle de leur institution.
Au lieu de cela, ils font l’objet d’une mesure de déplacement dans l’intérêt du service. Officiellement ce n’est pas une sanction. Mais en réalité c’est une vraie répression qui frappe une équipe d’enseignants expérimentés en poste depuis plus de 10 ans dans une des écoles les plus difficiles du département. Des enseignants tous très bien notés et dont les projets ornent le site départemental. Le 12 avril, quatre d’entre eux sont venus consulter leur dossier administratif.
Un dossier vide
« C’est un beau rassemblement », nous a dit Marie Hélène Plard, secrétaire départementale du Snuipp Fsu 93. A l’appel de ce syndicat mais aussi de la Cgt, Sud, la CNT, Sud et le Snes Fsu, environ 500 enseignants se sont massés le 12 avril devant l’inspection académique du 93 à Bobigny. Des responsables nationaux avaient fait le déplacement comme Benoit Teste, secrétaire général de la Fsu et Guislaine David, secrétaire générale du Snuipp Fsu.
« On est abasourdi devant le vide des dossiers », nous a dit MH Plard. Les dossiers sont dupliqués d’un professeur à l’autre. « Ils contiennent des reproches conséquents : mise en danger des élèves, pressions, manipulation. Mais aucune preuve ne vient étayer ces accusations », nous dit-elle. »S’ils ont des preuves cela relève du disciplinaire. Mais il n’y a aucun élément à charge ».
A qui le tour ?
Selon elle, ce sont les choix pédagogiques des enseignants qui sont sanctionnés. « On a une équipe très investie pédagogiquement, comme des parents l’on attesté, qui refusent de faire passer les évaluations nationales, qui font les APC autrement et qui ne suivent pas le guide orange. Ils résistent trop ». Le dasen adjoint aurait simplement déclaré que « le fonctionnement de l’école ne correspond pas à ce qu’attend l’institution » et qu’ils « ne suivent pas toutes les préconisations ministérielles ».
Venue soutenir les enseignants, Guislaine David, co secrétaire générale du Snuipp Fsu, témoigne de ses démarches au ministère. « J’ai sollicité le ministère mais je n’ai pas de réponse. On a l’impression que plus personne ne gère. Et le recteur refuse de recevoir les syndicats ».
Les 6 enseignants vont consulter leurs avocats pour un éventuel recours. Dans la rue à Bobigny, on ne décolère pas. « Alors à qui le tour ? », nous dit-on. « On est dans une institution qui ne reconnait plus notre engagement et qui n’est plus apte à nous protéger ».
François Jarraud