Comment profiter du réaménagement d’un établissement pour s’offrir un espace nature ? Vincent Dhuicque, enseignant de SVT au collège Honoré-de-Balzac de Azay-Le-Rideau (37), coordonne la mise en place d’un verger, de gîtes mais aussi d’une haie sèche. « La lente décomposition du bois mort en humus nous permettra peut-être d’observer les espèces saproxylophages », espère l’enseignant qui mobilise des collégiens de 6ème et de classe Segpa. Baptisé le jardin sauvage d’Honoré, ce nouvel espace pourrait être aussi le lieu de cours d’anglais ou de chant en plein air.
Où se déroule votre projet biodiversité au collège ?
Le projet concerne ponctuellement l’ensemble des espaces du collège (installation de gîtes divers) mais se concentre plus particulièrement sur un espace dédié à la biodiversité : le « jardin sauvage d’Honoré »: il s’agit de l’espace laissé vacant par la destruction d’un bâtiment lors de la rénovation du collège.
Pour quels objectifs ?
D’abord enrichir la biodiversité du jardin sauvage d’Honoré en apportant le gîte et le couvert à toute la petite faune…comme la pose de nichoirs à oiseaux, hôtels à insectes, gîtes à chauves-souris, la construction de murets en pierres sèches, la construction de haies sèches et la plantation d’arbustes d’essences locales. Ensuite étudier la biodiversité en participant à des inventaires participatifs (SPIPOLL suivi photographique des insectes pollinisateurs, opération Escargots…) mais aussi à des inventaires botanique, ornithologique…Cela passe par la pose de détecteurs à ultra-sons pour un inventaire chauves-souris. Enfin sensibiliser et faire connaître le jardin sauvage d’Honoré. Nous allons créer des mini-panneaux en bois pour l’inventaire botanique, participer à un concours photos biodiversité, faire intervenir la LPO sur les hirondelles et les martinets, inscrire notre terrain au réseau « Refuge LPO » et « refuge chauves-souris ». Nous programmons aussi des visites des aménagements guidées par les éco-délégués à destination des élèves, des parents, des enseignants et pourquoi pas un jour, accueillir la chorale du collège, un cours d’anglais dans un cadre de nature.
Quelles sont les plantations déjà effectuées ? D’autres à venir ?
Huit variétés locales d’arbres fruitiers (pommier, poirier, pêcher de vigne, prunier…) ont été plantées pour constituer un mini-verger, il s’agit de la biodiversité domestique. Il est prévu de planter des arbustes ou des lianes apportant des fruits intéressants pour la faune (aubépine, sureau, viornes, prunellier, cornouiller, chèvrefeuille, lierre, clématite…) ainsi que des arbustes apportant un abri (charme, houx, troène…).
Comment organisez-vous le travail des élèves ?
Certaines actions sont menées avec des classes de 6ème et des classes de la section SEGPA. D’autres actions concernent les élèves volontaires (écodélégués ou non) sans distinction de classe sur des temps méridiens.
Quels retours avez-vous des élèves ? D’autres disciplines ?
Nous avons la chance d’avoir un petit groupe d’élèves sensibles au développement durable et qui fourmillent d’idées à mettre en place. Le plus difficile est de trouver des temps communs pour concrétiser les bonnes intentions, ce qui n’est pas facile avec le protocole sanitaire… Mais on ne se décourage pas. Les autres élèves qui participent aux actions sans les avoir initiées réagissent très positivement et sont demandeurs de retourner sur le terrain pour suivre l’évolution des arbustes.
Le projet de mini-verger a impliqué les enseignants de Français puisqu’il fait suite à une pièce de théâtre autour de l’œuvre de Jean Giono « L’homme qui plantait des arbres » et à laquelle ont assisté tous les élèves de 6èmes et de 5èmes du collège. L’association des parents d’élèves nous a aussi sollicités pour valoriser les aménagements en cours. On réfléchit à réaliser une visite du jardin sauvage lors des journées portes ouvertes par exemple.
Quelques mots sur la haie sèche en préparation…
Le principe de la haie sèche est d’entrelacer des branchages de bois mort ou des branches de taille, à l’horizontal entre des piquets en bois. Elle permet de valoriser le bois de taille ou le bois mort. Elle sert de refuge et de lieu de reproduction à la petite faune (insectes, oiseaux, micro-mammifères, hérisson…) mais aussi à certaines espèces végétales qui investiront les lieux naturellement. A la base de la haie sèche, la lente décomposition du bois mort en humus nous permettra peut-être d’observer les espèces saproxylophages.
Ces haies peuvent aussi servir de support pour des lianes (lierre, chèvrefeuille…) intéressantes pour leurs baies voire à des cultures des élèves (potirons…). D’un point de vue paysager, elle nous permettra aussi de structurer esthétiquement notre terrain.
Propos recueillis par Julien Cabioch
Dans le Café
Quand les lycéens étudient un « coin nature »
Philippe Tessier : Comment faire perdurer les projets Nature en établissement ?
Matthieu Bénétreau et la méthode Miyawaki appliquée au collège