Trois syndicats enseignants importants, le Snuipp Fsu, le Se-Unsa et le Snudi FO appellent les personnels de l’éducation à la grève le 13 janvier. Ils devraient être suivis par d’autres dans la journée. La nouvelle version du protocole sanitaire, qui allège le dispositif sans apporter de réponse aux demandes des enseignants, favorise la mobilisation syndicale. JM Blanquer a créé les conditions d’une réelle mobilisation.
Se-Unsa
« Le SE-Unsa appelle les enseignants, CPE, Psyen, AESh et AED à se mettre en grève dans les écoles, collèges et lycées, le 13 janvier 2021 pour faire entendre au ministre que l’Ecole et ses personnels ne peuvent plus tenir avec des protocoles irréalisables et changeant de jour en jour ». Le 6 janvier au soir, Stéphane Crochet, secrétaire général du Se Unsa, exprimait ses doutes sur la stratégie gouvernementale. « Le ministre n’entend pas l’exaspération des collègues. Il y a une incompréhension de la profession sur l’objectif du gouvernement. On ne comprend pas s’il s’agit de lutter contre la diffusion du virus ou de gérer pour viser l’immunité collective », nous confiait-il. Son syndicat, classé parmi les réformistes, est un des premiers à appeler à la mobilisation.
Snuipp Fsu
« La situation depuis la rentrée de janvier engendre une pagaille indescriptible et un sentiment fort d’abandon et de colère parmi les personnels des écoles. Pourtant, lors de la réunion sanitaire d’hier, le ministre est resté sourd une nouvelle fois aux exigences portées par les organisations syndicales pour sécuriser l’école », estime le Snuipp Fsu, premier syndicat du premier degré. » Face au chaos mais également au mépris et aux mensonges, le SNUipp-FSU appelle donc les personnels des écoles à se mettre en grève le jeudi 13 janvier pour obtenir les conditions d’une école sécurisée sous Omicron. » Le syndicat demande le retour de la fermeture de classe dès le 1er cas positif, des masques FFP2, l’isolement des cas contacts intra-familiaux et une politique de tests préventifs hebdomadaires salivaires systématiques. « Le ministère doit enfin élargir le vivier de personnels remplaçants pour pallier les absences en abondant et recrutant les listes complémentaires ainsi qu’en recrutant des titulaires via un collectif budgétaire ».
Snudi FO
Snudi FO appelle aussi les personnels à faire grève le 13 janvier. « Les personnels n’en peuvent plus des protocoles Blanquer (le 49ème étant sorti le 6 janvier). Ils n’en peuvent plus des ordres et des contrordres permanents, des personnels non remplacés, des pressions pour effectuer du télé-enseignement, de la charge de travail insupportable que le ministre fait subir aux directeurs… Ils constatent que le ministre se refuse à leur fournir les moyens de protection individuelle qui manquent toujours », écrit Snudi FO. « Le ministre ne cesse de mépriser les personnels. La situation actuelle ne peut plus durer, il faut que cela cesse ! » Le syndicat demande le recrutement des listes complémentaires, l’abandon de la loi Rilhac et de l’expérimentation marseillaise, des masques FFP2, des tests et capteurs de Co2, une augmentation indiciaire immédiate de 183€ net mensuels.
Un mouvement qui va se renforcer
Ces trois organisations ne vont pas rester seules. On s’attend à ce que d’autres syndicats, par exemple le Snes Fsu, rejoignent le mouvement dans l’après midi.
JM Blanquer est peut-être allé trop loin. Alors que depuis des mois il fait passer ses décisions sans résistance réelle sur le terrain, la façon dont il gère la crise sanitaire touche directement un grand nombre d’enseignants. Dans le second degré, où le taux d’incidence est au maximum, ils assistent à la multiplication des contaminations. Le nombre total d’enseignants contaminés début janvier en 4 jours, selon le ministère, est trois fois plus élevé que la dernière semaine de classe de décembre. Les enseignants voient bien que le protocole ne les protège pas. Plusieurs lycées se sont déjà mobilisés parce qu’il n’y avait plus de nettoyage par exemple. L’annonce par le premier ministre de la distribution de masques chirurgicaux, alors qu’ils sont dépassés compte tenu de l’entassement des élèves en classe, apparait à certains comme une marque supplémentaire de mépris. D’autant qu’elle n’est même pas portée par le ministre. Mais c’est dans le premier degré que la situation est devenue la pire. Le protocole crée les conditions d’une désorganisation complète de l’enseignement. Et là les enseignants sont seuls à la gérer. Son dernier allègement ne règle pas les problèmes de fonds mais augmente les risques de contamination et par suite la crise.
Faute d’avoir rien fait depuis deux ans pour apporter des réponses durables à l’épidémie, en refusant tout dialogue au nom de l’ouverture des écoles, faute d’un minimum de considération pour les personnels, par exemple en continuant ses réformes malgré l’opposition générale, JM Blanquer exaspère la profession. Il a créé les conditions d’une mobilisation. La profession arrive au moment de vérité. La mobilisation sera t-elle suffisante ? Réponse le 13…
François Jarraud