Comment ont évolué les concours sous JM Blanquer ? Alors que le ministre dit regretter le manque d’attractivité des concours de l’enseignement, a t-il encouragé le recrutement ou l’a t-il dissuadé ? Quelles disciplines ont été les plus touchées en 5 ans ? Comparons les concours du second degré de 2017 à 2022…
Un tiers de postes en moins en 5 ans
Le concours caractérisant le mieux le second degré est le concours externe des certifiés. Il domine par son nombre les autres concours, les certifiés représentant près de 4 fois plus de recrutés que les agrégés. En 2017 les postes mis aux concours sont déclarés en novembre 2016 et relèvent donc de la politique menée par N Vallaud-Belkacem. Les postes aux concours 2022 viennent d’être publiés et sont en baisse d’environ 200 postes pour les seuls certifiés.
En 2017, 7315 postes sont proposés aux concours externes des certifiés. 5 ans plus tard, JM Blanquer n’en offre plus que 5225. C’est près d’un tiers des postes (29%) qui a disparu sous son ministère.
Les fondamentaux reculent eux aussi
Mais cette évolution varie fortement selon les disciplines. La philosophie et la physique chimie gagnent des postes entre 2017 et 2022 (+29 et +23%). En 2022 on recrute 129 certifiés en philosophie contre 100 en 2017.
Les baisses les plus importantes concernent les professeurs documentalistes et les professeurs d’arts plastiques. Il y a deux fois moins de recrutés en 2022 qu’en 2017: 120 professeurs documentalistes en 2022 contre 217 en 2017 par exemple.
Viennent ensuite les lettres. Le ministre a beau parler des « fondamentaux », le nombre de postes de certifiés de lettres modernes est passé de 1288 en 2017 à seulement 755 en 2022, soit 41% de moins. L’évolution est aussi négative pour l’autre pilier des fondamentaux : les maths. 1440 postes étaient offerts en 2017 contre 1035 en 2022 (-28%). Les SVT ne s’en tirent pas mieux : 424 postes en 2017, 260 en 2022 (-39%).
Les langues vivantes ont perdu un tiers de leurs postes en 5 ans. 1190 postes en anglais en 2017 contre 761 en 2022 (-36%). C’est pire en allemand : -38% (345 et 215) et en espagnol (-37%).
Un pli pris dès les concours 2018 et maintenu depuis
En novembre 2017, commentant les postes mis aux concours 2018, déjà en retrait de 20%, l’entourage de JM Blanquer assurait que la baisse correspondait » aux postes non pourvus aux concours en 2017″ et devait donc théoriquement être indolore. En réalité elle allait déjà bien plus loin. Ainsi au capes externe, 6011 postes ont trouvé preneur en 2017 et il n’y avait que 5 833 postes offerts en 2018. Et l’ajustement aux réalités du recrutement des postes n’était déjà pas faite. En lettres classiques, 85 professeurs certifiés ont été recrutés en 2017 mais 183 postes sont offerts en 2018. En anglais l’éducation nationale a recruté 847 professeurs en 2017et au concours 2018 949 postes sont offerts. Par contre en arts plastiques 165 postes ont été couverts en 2017 sur 200 proposés mais seulement 125 sont offerts en 2018.
Cette évolution ne correspondant pas davantage au nombre d’élèves dans le second degré qui a été en hausse constante depuis 2017. Déjà en 2018 on en attendait 20 000 de plus, et ce nombre a doublé dans les années suivantes.
Les candidatures découragées
Après des années de croissance, le signal envoyé par JM Blanquer aux étudiants dès 2018 c’est bien la chute du recrutement à l’éducation nationale. Alors que le ministère avait mis des années entre 2012 et 2017 à obtenir une reprise des candidatures aux concours de l’enseignement, le plan de recrutement de 2018 va casser cet effort. Depuis le nombre de candidats à ces concours est en chute libre. En diminuant d’un tiers le nombre de postes offerts par l’Education nationale et en maintenant ce cap durant 5 ans , JM Blanquer a découragé les candidatures vers l’Education nationale.
François Jarraud