Organisée à l’IUEM (institut universitaire européen de la mer), la septième édition de l’université d’été Mer Education a réuni 30 enseignants du second degré à Brest en cette veille de rentrée. La formation pluridisciplinaire de 4 jours permet une approche des chercheurs et apporte des connaissances sur les sciences de la mer. Trois parcours sont proposés: le fond des abysses, le monde polaire ou celui des tropiques. Comment réinvestir cette université d’été en classe ?
Réaliser des activités concrètes avec les élèves
Venus de toute la France et de Belgique, enseignant les SVT, les mathématiques, la physique-chimie mais aussi les arts plastiques, les SES, l’EPS ou encore le français, 32 professeurs du second degré ont choisi de suivre l’université d’été Mer Education du 23 au 26 août 2021 à Plouzané au nord de Brest (29).
« Je suis venu avant tout pour apprendre et me reconnecter au monde de la recherche. Mais également pour prendre des idées et des contacts pour réaliser des activités concrètes avec les élèves », confie Elie, enseignant de SVT dans les Côtes d’Armor. De son côté Lucille, professeure de SVT en lycée, est venue de Bruxelles : « dans le plan de formation mis à ma disposition, les formations à contenu scientifique ont disparu au profit des contenus purement pédagogiques en formation interne (il faut comprendre formation par les pairs). Cela ne correspond pas à mes besoins », relève-t-elle.
Discuter avec des scientifiques
Avec 7 conférences proposées par 7 chercheurs, la première journée a permis de problématiser les parcours. Quel est l’état des récifs coralliens? Quel avenir pour les espaces polaires? Quelles ressources au fond des abysses? « Cette formation me permet de me tenir au courant des dernières recherches sur la mer et de discuter avec des scientifiques passionnants. J’en profite pour leur proposer de venir au lycée présenter leurs parcours et leur travaux, faire rêver les élèves », se réjouit Annabelle, enseignante en physique-chimie à Quimper.
Répartis en 3 groupes, les enseignants ont approfondi leurs connaissances sur les thèmes spécifiques des parcours. Les aires marines éducatives, les différentes campagnes océanographiques des scientifiques français, le programme de balises Deep-argo ou encore les utilisations de l’acoustique passive pour étudier l’océan sont appréhendés par les enseignants.
Transpositions pédagogiques
« J’ai choisi le parcours sur les abysses », explique Annabelle. « J’ai particulièrement apprécié la visite des laboratoires de l’Ifremer, du bassin de tests, de la corderie. Il y a un mélange de technologies dernier cri et de méthodes anciennes et indispensables. La reconstitution en 3D d’une cheminée à 6000m de fond permet aux plongeurs scientifiques d’avoir une vue d’ensemble du site ». Les deux autres parcours n’étaient pas en reste avec une visite de la fondation Explore à Concarneau et des conférences avec des spécialistes des pôles. Ceux qui avaient coché le parcours tropiques ont pu notamment bouturer du corail et échanger avec des enseignants et des chercheurs des territoires d’outre-mer.
La dernière journée a permis d’évoquer des transpositions pédagogiques possibles en classe. Conçue en partenariat avec l’aquarium marin brestois Océanopolis, la semaine de formation a été l’occasion pour les professeurs d’appréhender les ressources pédagogiques du centre. Une visite des coulisses de l’aquarium (systèmes de filtration sophistiqués, élevage des animaux, préparation de la nourriture) a fini de convaincre les enseignants conquis. « Je pense réinvestir les études de cas sur les écosystèmes et peut être proposer plus d’études de données brutes et des idées de formation et de métiers », glisse Lucille. « Les conférences sur l’exploitation des ressources des grands fonds font écho à des problématiques économiques, sociales et politiques que je traite en classe avec mes élèves », note Solène, enseignante de SES à Paimpol.
Au-delà des temps de formation académique, les 4 journées ont été l’occasion d’échanger sur les réalités et l’évolution du métier. « Redevenir apprenant quelques jours nous permet de reprendre de la hauteur avec l’enseignement », conclut Elie.
Julien Cabioch
Dans le Café
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