JM Blanquer va t-il prendre à bras le corps la question du niveau des élèves et du nécessaire rattrapage après les deux années de covid ? Sur France Info, le 1er juillet, le ministre a donné cette impression multipliant les annonces de postes pour créer des petits groupes d’accompagnement des élèves. Si cela satisfait l’opinion publique, les professionnels décryptent vite qu’il ne s’agit que de demi-vérités.
Demi vérité sur le rattrapage en collège et lycée
« On fera des inscriptions d’office à Devoirs faits pour les élèves de 6ème qui ne seront pas au niveau », a déclaré JM Blanquer sur France Info le 1er juillet. Il annonce « l’équivalent de 1500 postes », sous forme d’heures supplémentaires, notamment en lycée pour l’accompagnement des élèves et un dispositif « je réussis au lycée ». « Cela va permettre le rattrapage nécessaire », dit-il.
Immédiatement cela entraine des réactions. Sur Twitter, Christian Chevalier, membre du Cese mais ancien secrétaire général du Se-Unsa, un syndicat classé dans les réformistes, précise que « inscription d’office ne signifie pas participation obligatoire. Seule la scolarisation est obligatoire en France ». Et il ajoute : « bel exemple de com destinée à faire intentionnellement croire à l’opinion publique que le ministre mène son ministère à la baguette ».
Toujours sur Twitter, Sophie Venetitay, nouvelle secrétaire générale du Snes Fsu, rappelle qu’il s’agit d’heures supplémentaires et qu’à la rentrée 2020 déjà « ça n’avait pas marché » et que ce sont des aides ponctuelles alors qu’il faut travailler dans la durée avec les élèves en difficulté. Aucune mesure significative pour une rentrée si particulière ».
Effectivement les dispositifs en dehors des horaires obligatoires ne peuvent pas être obligatoires. Dans le cas de Devoirs faits se greffent la dessus de vrais problèmes de cantine ou de transports scolaires. Le ministère fait croire qu’il compense par des heures supplémentaires les postes qu’il supprime. Mis la simple lecture du budget 2020 montre que ces heures ne sont pas consommées. Comment ajouter l’équivalent de 1500 postes en HS aux équivalents des 1800 postes supprimés déjà annoncés et transformés eux aussi en HS ?
Demi vérité sur le BTS
Mais les promesses ont continué. Dans la foulée JM BLanquer annonce « 1000 postes de BTS de façon à pouvoir avoir plus de places pour les élèves ». Les BTS sont enseignés en lycée et il s’agit donc encore de 1000 postes d’enseignants. Comme le ministère n’a pas annoncé de nouveau concours spécial de recrutement il faut comprendre que ce seraient à nouveau des équivalents en heures supplémentaires.
Mais il y a un autre micmac. Dans la communication écrite, publiée dans l’après midi, le ministère ne parle plus de postes mais de 5000 places de BTS ou de Formations complémentaires d’initiative locale (FCIL).
Là il est possible que le ministre tienne sa promesse. D’abord parce qu’il doit bien rester des places de BTS disponibles dans des formations peu attirantes et des coins isolés de l’hexagone. On peut toujours sur le papier ajouter 10 ou 15 places dans ces classes demi vides. Surtout ces FCIL sont des formations ultra courtes : souvent 6 mois seulement , qui ne donnent pas une qualification comme un BTS. JM Blanquer reprend à son compte une annonce qui est revenue régulièrement pour mettre au parking les bacheliers professionnels à peu de frais. Il y a chaque année 90 000 à 100 000 bacheliers professionnels qui veulent continuer après le bac. Il y a 59 000 places dans les STS publiques de l’éducation nationale. La création de 5000 vraies places ne réglerait pas le problème. Mais le ministère annonce des places qui resteront vides ou des « formations » parkings sans véritables créations de postes.
François Jarraud