L’examen de la loi séparatisme par l’Assemblée nationale a commencé, les 28 et 29 juin, par les amendements les plus xénophobes. Si une partie de la majorité se retrouve sur les mêmes thèmes que la droite et l’extrême droite, la majorité a bloqué les amendements les plus dangereux comme l’interdiction des accompagnatrices voilées lors des sorties scolaires.
Surenchère xénophobe
« Vous voulez lutter contre le séparatisme, mais vous acceptez que, sur le parvis d’une mairie, après un mariage célébré par le maire ceint de son écharpe tricolore, on puisse brandir des drapeaux étrangers. N’y a-t-il pas là une incohérence ? Vous prétendez lutter contre le séparatisme, mais vous accordez le renouvellement de leur titre de séjour aux épouses de maris polygames. Je vous le disais en février dernier : l’islamisme ne se combat pas à moitié. Il n’y a pas de juste milieu, pas de « en même temps » – sinon la bataille est déjà perdue ». Les propos d’A Genevard (LR) illustrent la surenchère xénophobe alimentée à droite les 28 et 29 juin lors de l’examen de l’article 1 de la loi séparatisme.
« Chacun répète… que ce projet de loi ne vise pas particulièrement nos compatriotes musulmans. Or, dès que vous sortez du texte même de vos amendements afin d’argumenter un peu, vous retombez précisément dans ce que l’on vous reproche, qui est l’exact inverse de la recherche de la concorde nationale, censée prévaloir dans les questions de laïcité. Vous visez une communauté en opérant des amalgames sur lesquels je ne reviendrai pas, mais qui ne présentent aucun sens », explique le député GDR (PC) Stéphane Peu.
Ciotti appelle Blanquer à l’aide
Une pluie d’amendements concernait les signes religieux portés par les accompagnatrices des sorties scolaires. « Il est grand temps d’avancer avec courage sur ce sujet éminemment symbolique, et d’affirmer la volonté de l’Assemblée d’imposer une forme de laïcité bien plus exigeante dans le service public de l’éducation nationale, ainsi qu’une neutralité aux accompagnants de sorties scolaires », affirme E Ciotti (LR). « Personne ne peut imposer son appartenance religieuse à des enfants lors d’une sortie qui s’inscrit dans le cadre de l’école de la République. Un enfant qui participe à une telle sortie, et dont les enseignants sont soumis au principe de neutralité, ne doit pas subir l’influence d’un adulte accompagnant ». E Ciotti rappelle que la circulaire Chatel qui interdisait ces signes « avait été rédigée par Jean-Michel Blanquer, alors directeur général de l’enseignement scolaire. Il avait eu ce courage, et je sais qu’il était favorable à cette mesure : à l’occasion du projet de loi pour une école de la confiance, alors qu’il s’apprêtait à donner un avis favorable à mon amendement sur le même sujet, il avait été désavoué par l’aile gauche de la majorité ».
Si certains dans la majorité, comme F Cormier Bouligeon, soutiennent, le gouvernement, la commission et la majorité votent contre ces amendements. » Tout enseignant sait combien la réussite d’un enfant est conditionnée par l’investissement et l’engagement au quotidien des personnes qui en sont responsables. On sait combien il est difficile en zone d’éducation prioritaire (ZEP) de faire participer des parents ou même de seulement les voir. Comme la réussite des enfants dépend de ce dialogue entre les familles et les enseignants, il est préférable de voir des accompagnatrices ou accompagnateurs quitte à ce qu’ils portent un signe religieux lors des sorties scolaires. Ils sont bénévoles et n’ont pas de fonction d’éducation. C’est bien l’enseignant qui est responsable, qui enseigne. L’école est le lieu de l’intégration par excellence. Si l’on ne permet pas à ces personnes d’être présentes et de participer, on ne peut pas faire réussir les élèves », explique Géraldine Bannier (LREM).
F Jarraud