Ce ne sera pas 400 millions mais la revalorisation se limitera en 2022 à 245 millions a annoncé le ministère de l’Education nationale le 14 juin, lors d’une réunion avec les syndicats. On est loin des 700 millions annoncés et même des 400 millions promis. Le ministère propose plusieurs scénarios pour cette prime d’attractivité allant de l’échelon 2 à l’échelon 7, comme en 2021, ou à l’échelon 8. Au final cela aboutit à une prime située entre 75 et 27€ nets par mois selon le scénario retenu. Et seulement pour une minorité des enseignants. Pour les syndicats le compte n’y est pas.
Une enveloppe ramenée à 245 millions
Clôturant le Grenelle de l’éducation le 26 mai, JM Blanquer avait parlé d’un moment « historique » avec le renouvellement d’une enveloppe budgétaire de 400 millions pour 2022 au titre de la revalorisation des enseignants.
Le 14 juin, le ministère a fait connaitre ses propositions. Première surprise : l’enveloppe passe de 400 millions à 245 millions. Les 155 millions restants devraient être dépensés dans des mesures catégorielles, notamment pour les administratifs.
Le ministère propose aux organisations syndicales trois scénarios pour cette prime d’attractivité. Tous adoptent le principe d’un même montant de prime quelque soit le corps (agrégé, certifié, PE) et l’extension aux CPE et Psy-EN. Il n’est toujours pas question de donner cette prime aux professeurs documentalistes.
Trois scénarios
Le premier scénario retient le même périmètre qu’en 2021 c’est à dire le versement dégressif des échelons 2 à 7 de la classe normale. Cela ne concerne que 34% des enseignants. Concrètement à l’échelon 2 un enseignant recevrait une prime de 75€ nets par mois et à l’échelon 7 de 36€ nets. Ce montant s’ajouterait à la prime versée en 2021. Les contractuels toucheraient entre 42 et 27€.
Le second scénario étend la revalorisation à l’échelon 8 avec des montants de 57€ nets par mois au 2ème échelon et 36€ au 8eme. Les contractuels percevraient de 33 à 27€ nets. Cela concernerait 43% des enseignants.
Le troisième scénario « maximise la revalorisation des échelons 2 et 3 » et du coup minimise celle de l’échelon 8. Les enseignants percevraient de 64€ nets à l’échelon 2 à 29€ à l’échelon 8 pour les titulaires. Les contractuels auraient de 36 à 27€.
D’autres primes annoncées
A cette prime d’attractivité qui ne concernera, quelque soit le scénario, qu’une minorité des enseignants s’ajoutera la prime informatique de 150€ par an. Enfin les enseignants bénéficieront, comme tous les agents publics, d’une prise en charge partielle de la protection sociale (extension au public d’une mesure existant dans le privé), soit 180€ par an.
Les 2000€ en début de carrière restent encore une vision pour au-delà de 2022. Selon les scénarios, les enseignants débuteront entre 1869 et 1886€ nets pour ensuite stagner pendant 15 ou 18 ans.
Les syndicats insatisfaits
Ministère et syndicats doivent se revoir pour discuter des scénarios. Mais les premières réactions ne sont pas positives.
Pour le Snes Fsu, Frédérique Rolet note qu’il n’y a toujours rien pour les professeurs stagiaires (échelon 1). Surtout comme la plus forte prime concerne le 2ème échelon, « on va avoir une carrière écrasée. Les collègues auront une carrière plate si on ne revoit pas les grilles ». Pour elle ce nouveau profil de carrière est cohérent avec les missions proposées dans un autre groupe de travail et la transformation de la fonction publique vers une fonction publique d’emploi. « Les enseignants auront une carrière plate sauf ceux qui accepteront des missions qui donneront droit à indemnité ». C’est une nouvelle fonction publique qui voit le jour.
Stéphane Crochet, secrétaire général du Se Unsa, ne partage pas cette analyse. Il déplore surtout que « la 2ème marche ne fait pas la revalorisation ». Pour lui « il faut un programme pluriannuel de revalorisation », qui fait défaut.
François Jarraud