En langues vivantes peut-être encore plus que dans les autres disciplines il est difficile d’enseigner à distance. Parce que l’oral et les situations d’échange ont une grande place et que souvent il n’y a plus de manuel. Quatre enseignants témoignent de la façon dont il srelèvent le défi et de leurs craintes pour la semaine de rentrée en distanciel.
« Ca roule bien »
« La continuité pédagogique 2.0 ça roule bien! » Professeur d’anglais au collège Lubet Barbon de Saint-Pierre du Mont dans les Landes, Howard Bennett est beaucoup plus rassuré que lors du premier confinement. « J’ai l’expérience et les cours de l’année dernière. Le soir même de l’intervention du président de la République j’ai envoyé un mail aux élèves et à leurs parents en leur disant ce qui allait se passer de façon à ce qu’ils soient rassurés ».
On est dans les Landes. Le département a doté tous les collégiens de 4ème et 3ème d’un ordinateur portable. Dès le 31 mars les élèves ont téléchargé le travail à faire pour la semaine de distanciel sur leurs portables. Le 7 avril déjà plus de la moitié des élèves ont rendu leur travail.
Les élèves ont tous un compte sur Duolingo, une plateforme d’apprentissage de l’anglais avec pour mission d’y travailler au moins 10 minutes par jour. Les traces de ce travail sont envoyées à H Bennett qui a ainsi un regard sur ce que font les élèves. Ils travaillent aussi sur Quizlet pour l’acquisition de vocabulaire.
La semaine du 26 au 30 avril sera aussi en distanciel et là H Bennett a prévu des visios pour reprendre contact. Les élèves rendront des fichiers audio qui serviront de base de travail à leurs camarades. Ils feront cela en petits groupes. « Ca ressemble plus au travail en salle de classe », dit H Bennett, très confiant.
En zone rurale le papier reste irremplaçable
Professeure d’espagnol, Valentina Castillo Munoz enseigne dans un lycée rural de Confolens (16). Elle oscille entre inquiétude et assurance. « Nos élèves n’ont pas perdu de temps depuis le début de l’année. Ils sont habitués à travailler ». En effet, l’établissement tourne en classe entière depuis septembre sans cours hybride ou « demi jauge ». « On a tiré les leçons de l’année dernière, notamment les insuffisances de la visio pour un vrai apprentissage de la langue ».
L’établissement a aussi anticipé un éventuel confinement en acquérant des manuels papiers sur lesquels V Castillo sait pouvoir s’appuyer. Parce qu’on est en zone rurale et que de nombreux élèves n’ont pas accès à Internet. Les élèves ont donc du travail à faire sur une application smartphone développée par V Castillo et aussi dur de bonnes vieilles photocopies.
Risque de décrochage
Nathalie Ingrassia enseigne dans un collège Rep de Valence. Et dans cette situation pédagogique elle a aussi abandonné l’idée de faire des visio. Ses élèves ont gardé des séquelles du confinement de l’année dernière et la nouvelle rupture l’inquiète.
Pour faire travailler ses élèves elle a ouvert un site où les élèves ont le travail à faire avec des padlets, des quizz, des jeux et des exercices. « J’en profite pour rattraper des bases. Ceux qui veulent aller plus loin peuvent le faire ». Son inquiétude porte sur le retour en distanciel fin avril. « On risque de perdre beaucoup d’élèves. Certains ont déjà décroché ».
« On souffre de l’absence des élèves »
Lily Abboudi enseigne l’anglais au collège Giacometti de Paris. « Avec l’expérience de l’année dernière on a de quoi faire », nous dit-elle. « Mais ça suppose que tous les élèves soient équipés ». Or ils ont bien été recensés mais l’équipement n’a pas suivi. Les élèves devaient se connecter en visio mardi 6 avril mais la panne générale a empéché la plupart d’accéder aux visios. Les visios ont lieu en demi groupe. « En classe entière les élèves débranchent leur micro et m’envoient des messages », confie t-elle. « En demi groupe les micros s’ouvrent et on peut travailler l’oral ».
« Les élèves partent d’un genially où il y a des vidéos et des textes et en cours on discute de ce qu’on a fait ou on partage une nouvelle vidéo. Ca se rapproche de ce qu’on fait en classe et ça les rassure ».
Lily Abboudi compte aussi sur des visios pour raccrocher les élèves au retour des vacances. Celles-ci ont une autre fonction. « On souffre beaucoup de l’absence des élèves », dit-elle. « On stresse pour eux ». Les voir c’est déjà un contact.
François Jarraud