En pleine expansion des variants du Covid 19, le ministère de l’Education nationale vient de modifier discrètement ses consignes sanitaires en revenant sur les cas de fermetures de classes. Une décision prise pendant des congés scolaires qui va à contre-sens du discours gouvernemental sur la nécessité de contenir la propagation des nouveaux variants. Et qui va mettre en danger personnels et élèves dès le retour des vacances.
Les enseignants maintenus en classe
Le ministère de l’Education nationale modifie quelques points de sa « foire aux questions » sur la crise sanitaire. Ce document est utilisé par l’administration car il apporte des réponses précises aux questions concrètes qui se posent dans les écoles et établissements. Toutes les modifications vont dans le sens du maintien des classes après la découverte de cas de Covid 19.
La première modification concerne les maternelles, des classes où les enfants ne sont pas masqués. La version du 8 février de la FAQ déclarait les personnels comme cas contact à risque après la découverte d’élèves malades s’ils sont de fratries différentes. Dorénavant ces personnels restent en poste : « une étude approfondie des contacts déterminera » s’ils sont cas contacts.
La même règle s’applique en école élémentaire et dans le second degré. Dans le texte du 8 février, quand 3 élèves sont malades, tous les élèves et les personnels sont cas contacts à risque. Le 12 février : « une étude approfondie des contacts déterminera si les personnels de la classe doivent être considérés cas contacts ».
Le variant britannique n’entraine plus de fermeture automatique
Le ministère modifie aussi les conséquences de la découverte des variants du virus. Dans la version du 8 février, un cas de variant britannique dans une classe entrainait la fermeture immédiate de la classe. Dans la version du 12 février, la classe est traitée comme dans le cas général. La classe n’est plus automatiquement fermée. Dans les cas de variant brésilien ou sud africain, la fermeture immédiate reste pour le moment la règle.
Le gouvernement baisse les bras ?
Le gouvernement affirme vouloir contenir la propagation des variants. Il y a de bonnes raisons à cela. On sait qu’ils sont presque deux fois plus contagieux et qu’ils s’attaquent aux jeunes exactement comme aux adultes. Pour le variant anglais il est établi qu’il est aussi plus létal.
L’Education nationale ne suit plus la ligne gouvernementale. Est-ce parce que le gouvernement estime que le combat est déjà perdu ? Ou est-ce en réaction au doublement des fermetures de classes cette semaine ? Alors qu’un tiers des élèves sont en vacances, 1599 classes ont été fermées contre 934 la semaine précédente.
Ou est-ce une lecture erronée de la courbe épidémique ? Le nombre des nouveaux cas de covid chez les 0-9 ans et les 10-19 ans reste très élevé mais stagne. Mais ce résultat est obtenu alors qu’un tiers des élèves ne sont plus en classe. La fermeture d’un tiers des écoles et établissements explique ce ralentissement de la poussée épidémique.
Pour faciliter la gestion à court terme du système éducatif et conforter le ministre dans ses déclarations qui minimisent depuis des mois la crise sanitaire, l’Education nationale fait prendre de nouveaux risques aux enseignants et aux élèves.
François Jarraud