Tous les ans, le Café pédagogique, le SNUipp-FSU, la Bibliothèque Nationale de France, la Ligue de l’enseignement ainsi que de nombreuses maisons d’éditions de littérature de jeunesse organisent un concours à destination des élèves du premier degré, avec à la clé des prix tels qu’un séjour en classe transplantée pour les lauréats. Un concours auquel s’inscrivent beaucoup de classes à travers la France. Pour son édition 2019-2020, le thème n’était autre que le merveilleux, « Et soudain un monde merveilleux », l’occasion pour élèves et enseignants de laisser leur imagination gambader. « Et si notre monde devenait tout à coup étonnant, extravagant, bizarre, fantastique… » pouvait-on lire sur la page de présentation du concours. Mais malheureusement pour les participants, l’année 2019-2020 était une année très particulière, du fait du confinement. Le jury n’a pu recevoir toutes les productions et statuer. Nicolas Bruin y a participé avec ses élèves de CM1/CM2 du petit village de Létra, dans le Rhône (69). Il raconte son expérience.
Nicolas Bruin est enseignant depuis plus de vingt ans. Toujours en école élémentaire et rurales. « J’aime enseigner dans ces petites écoles des campagnes pour ce que cela permet comme liberté même si nous sommes loin des centres culturels » explique-t-il. Depuis 7 ans, c’est à l’école Albert Jacquard de Létra qu’il enseigne. Cette année, il a une classe de 25 élèves, dont 10 en CM2 et 15 en CM1. L’an passé, année de sa participation au concours, c’était une classe de 21 élèves composée de 14 CM2 et 7 CM1.
Nicolas est un habitué des concours. Depuis maintenant cinq, il inscrit sa classe à un ou deux concours par an. À la rentrée 2019, c’est celui organisé par le café pédagogique, le SNUipp-FSU, la ligue de l’enseignement et la BNF qui a attiré son attention. « J’ai repéré celui-ci car j’ai trouvé la proposition d’intitulé intéressante dans son cahier des charges, dans les supports indiqués et dans les prix proposés ».
Des projets pour faire classe
Pour Nicolas, les projets, ça permet avant tout pour faire du commun. « L’objectif principal est l’apprentissage du travail en commun sur une base de projet : faire que les élèves partagent un même objectif en apportant leurs idées, leurs savoir-faire et leur enthousiasme ». Un second objectif est selon l’enseignant fondamental : la pugnacité « Il n’y a pas de résultat facile ni rapide à obtenir, il leur faut regarder, évaluer, critiquer les résultats intermédiaires pour aller vers de nouvelles propositions ».
Une production vidéo
Pour démarrer le projet, Nicolas a tenu à initier ses élèves au thème du merveilleux à travers la lecture de « Alice à travers le miroir ». « On a ensuite continué avec des lectures variées sur ce thème, des visionnages d’extraits ou de films entiers qui nous emmenaient à traverser des portes pour découvrir d’autres mondes ».
Nicolas et ses élèves ont ensuite décidé ensemble de présenter une production vidéo. Pour cela, il leur a présenté la technique du stop motion, les outils dont ils disposaient – Stop Motion Studio, des appareils photos numériques, Windows Movie Maker et Audacity pour le son – et les résultats qu’ils permettaient. « En parallèle nous avons bricolé des enregistrements sonores de natures variées avec des scènes de personnages qui parlent dans une langue inconnue, des voix off du narrateur et des personnages, des musiques tribales propres à ces peuples inventés… »
Une production collégiale
En janvier, les CM1 et CM2 se sont attelés à l’écriture du scénario. Un exercice pas toujours évident avec 21 élèves qui débordent tous d’imagination. La production des décors les a aussi beaucoup accaparés : réalisation d’un très grand planisphère, dessiner, colorier et découper les différents éléments. Du côté de l’attribution des rôles de chacun, nulle difficulté pour ces élèves habitués à fonctionner en classe coopérative avec un conseil qui discute et prend les décisions de façon collégiale. Puis ce fut le moment tant attendu : le tournage. « Les enfants étaient excités et heureux, ils n’avaient pas l’impression d’être en pleine activité d’apprentissage. C’est l’un des avantages de ce type de projet… ». Pour finir, ils ont ensemble composé la bande son. Du côté du montage, Nicolas reconnaît avoir dû s’en charger seul, même s’il en a expliqué les étapes et permis à certains moments qu’ils s’essaient au logiciel. Le film, d’une grande originalité, ainsi que toutes les productions reçues sont toujours visibles.
« Élèves et parents ont été emballés par le ce projet et étonnés du résultat final » explique Nicolas. Pour autant, après coup, les élèves ont été assez critiques sur la qualité de l’enregistrement en stop motion qui aurait, selon eux, avec plus de temps été meilleure. Tous ont été très déçus de ne pouvoir présenter leur production au jury et qu’il n’y ait pas de lauréat. « Nous avions d’autres soucis à ce moment-là, avec le Covid, alors notre frustration a été vite oubliée. Et puis, il restait l’ambiance que ce projet avait créé au sein de la classe et dans laquelle nous avons flotté jusqu’aux vacances d’été ».
Nicolas ne participera pas à l’édition du concours de cette année dont le thème, inspiré de la période de confinement, propose aux enfants à imaginer la maison idéale. Les organisateurs invitent « « les classes à se transformer en architectes et bâtisseurs de demain : à elles de concevoir ou de rêver des habitations différentes, plus faciles à vivre, plus ouvertes, mieux adaptées aux évolutions futures. En bref, imaginer un domicile pour l’avenir, tout en s’inspirant du passé ». Un concours qui promet encore de belles productions.
Lilia Ben Hamouda