Après un cafouillage devant le Sénat en décembre dernier, Nathalie Elimas, secrétaire d’Etat à l’éducation prioritaire, devait apporter des précisions sur le financement de la réforme de l’éducation prioritaire. Intervenant le 20 janvier devant la Commission de l’éducation de l’Assemblée nationale, elle n’a pas levé toutes les ambiguïtés. Si elle assure que la réforme n’est pas financée sur les crédits dévolus aux Rep et Rep+ et qu’elle ne touchera pas à la rentrée aux cartes des Rep et Rep+, N Elimas n’est pas capable de fixer le coût de la réforme et de dire d’où vient l’argent. Elle annonce aussi une réforme des fonds sociaux et des bourses scolaires.
Flou au Sénat
« Au Sénat vous avez dit que la réforme de l’éducation prioritaire serait à moyens constants, en déshabillant Paul pour habiller Pierre. Maintenant vous parlez de financement propre : on attend de la clarté ». Sylvie Tholmont, députée PS, a rappelé la communication très floue de N Elimas le 2 décembre devant la commission éducation du Sénat. La ministre avait dit deux fois « qu’on fonctionne à moyens constants » avant d’affirmer « qu’il va y avoir des moyens spécifiques pour l’expérimentation ». Ce flou donnait aussi à penser que la secrétaire d’Etat ne gère pas vraiment ce dossier.
D’autant qu’en septembre le secrétaire général de l’enseignement catholique avait annoncé que ses écoles allaient entrer dans l’éducation prioritaire et qu’il avait l’accord de JM Blanquer.
Le flou continue
Le 20 janvier, Nathalie Elimas marque qu’elle gère le dossier en multipliant les détails. Pour autant elle n’est toujours pas crédible sur le financement. « On ne touche pas à la carte des rep et des Rep+. C’est une voie parallèle avec des moyens propres », dit-elle en parlant des futurs Contrats locaux d’accompagnement qui feront entrer dans l’éducation prioritaire de nouveaux établissements. « La politique d’éducation prioritaire reste nationale avec quelques leviers supplémentaires pour identifier les établissements en contrat local », dit-elle.
Ca se gate tout de suite après. « On est à moyens constants sur l’existant mais avec un financement spécifique pour cette voie parallèle », ajoute-elle. Interrogée sur le montant : « Je n’ai pas le montant exact aujourd’hui », dit-elle. « Un comité technique ministériel regardera l’enveloppe le 9 février.
Le plus souvent on évalue le cout d’une réforme avant de la lancer simplement pour savoir si on peut la faire. Quand N Elimas explique qu’elle réforme d’abord et cherche ensuite l’argent on a du mal à la croire. Le cout de sa réforme sera de toutes façon prélevé sur le budget de l’éducation nationale. Aux dépens de quels programmes ? Probablement ceux de l’enseignement primaire et du second degré dès lors qu’il y aurait des apports de personnel. L’éducation prioritaire ne dispose pas d’un programme à part qui sanctuariserait ses crédits.
Réforme des fonds sociaux et des bourses
Finalement la communication de la secrétaire d’Etat reste la même que devant le Sénat. Très approximative. On voit mal comment la promesse de ne pas prélever sur l’éducation prioritaire sera tenue. On retiendra une promesse : celle de ne pas toucher à la carte des Rep et Rep+.
Deux autres points sont a retenir dans son intervention. D’abord sur l’entrée de l’enseignement catholique dans l’éducation prioritaire, N Elimas dit que « la demande est en discussion ». N Elimas a aussi annoncé une réforme des fonds sociaux et des bourses pour « une meilleure utilisation ». Est-ce là que se trouve le financement des contrats locaux d’accompagnement ?
François Jarraud