« La laïcité est le plus essentiel des combats ». Alors que JM Blanquer fait de la laïcité son cheval de bataille en vue des régionales, l’affaire du collège Les Battières de Lyon rappelle la triste réalité du #pasdevague. Pris à partie par un parent d’élève début novembre, un professeur d’histoire-géographie du collège finit par demander sa mutation. Le rectorat affiche un soutien sans faille. Mais c’est l’enseignant qui change d’établissement et veut maintenant quitter son métier. Le rectorat promet de l’accompagner jusqu’à la sortie…
Un professeur d’histoire-géographie à nouveau pris à partie
Au bout de deux journées de grève en soutien à leur collègue, les enseignants du collège Les Battières de Lyon ont été convaincus par le rectorat de reprendre le travail le 6 janvier. Pour le rectorat il y avait urgence à mettre fin à une affaire qui ne peut qu’embarrasser le ministre.
Revenons sur les faits. Le collège Les Battières de Lyon est un établissement de taille moyenne, socialement mixte. Le 9 novembre, une semaine après la commémoration de l’assassinat de Samuel Paty, un parent d’élève prend à partie un professeur d’histoire-géographie du collège, remet en cause son cours sur la laïcité et l’accuse d’islamophobie.
Le 12 novembre la famille est reçue au collège où elle n’exprime aucune excuse. Le professeur dépose plainte le 13 novembre pour diffamation et le rectorat s’associe la plainte. Il accorde la protection juridique fonctionnelle à l’enseignant. Puis plus rien ne se passe. Juste avant les congés de Noël la fille du parent d’élève est prise avec un couteau dans le collège. Elle est exclue un jour qui tombe sur la période fin décembre où les absences sont tolérées. A deux reprises le parent d’élève est invité au rectorat. Mais il ne s’y rend pas.
Le 10 décembre le professeur est reçu au rectorat par le référent laïcité et le service des ressources humaines du rectorat. « La possibilité d’un changement d’établissement a été évoquée », selon le rectorat. L’enseignant l’accepte et le changement est mis en place le 4 janvier. « Le professeur ayant également envisagé l’idée d’une reconversion, le rectorat lui a proposé un accompagnement dans cette voie », dit le rectorat.
Le 4 janvier des enseignants du collège se mettent en grève. « On veut que l’institution mette en place quelque chose qui protège les personnels quand ils font simplement leur travail », nous dit une enseignante de l’établissement. Les grévistes dénoncent la lenteur des réactions de l’institution et l’absence de protection réelle de l’enseignant. Ils demandent au moins le changement d’établissement de l’élève. La grève continue le 5. Le 5 au soir, les grévistes sont reçus au rectorat. Ils obtiennent des promesses relatives à leurs revendications et décident de reprendre le travail le 6 janvier. La plainte déposée par l’enseignant est classée sans suite.
Affaire réglée ?
Pour le rectorat, le protocole a été respecté. Le référent laïcité a conseillé l’enseignant. La gestion de proximité a géré son dossier. Dans son communiqué le rectorat n’hésite pas à écrire que « le recteur de l’académie de Lyon tient à réitérer tout son soutien aux enseignants, victimes dans le cadre de leurs fonctions de toute forme d’agression, et à rappeler qu’il accompagne les personnels dans toutes leurs démarches lors de ce genre d’agissements ».
Mais au final, c’est l’enseignant, si fortement soutenu, qui n’a reçu aucune excuse, qui mute. Avant probablement de quitter, dégouté, un métier où on l’a laissé se faire piétiner. Mais on l’accompagnera vers la sortie.
Le communiqué du rectorat de Lyon rappelle le rapport de l’Inspection sur l’affaire Samuel Paty. Tout a merveilleusement bien fonctionné. L’administration a bien fait son travail. Mais l’enseignant est mort.
François Jarraud
Le rapport sur S Paty couvre l’administration