Comment faire de la lecture un événement qui favorise le plaisir de l’appropriation et de l’immersion ? Au Lycée Pilote Innovant International de Poitiers, Hélène Paumier a organisé en 2nde une séance de partage de lectures, à voix haute, en musique, et dans le noir, de vers de Guillaume de Machaut et de Marie de France. Elle nous raconte cette étonnante séance de fin de séquence et de fin de trimestre, susceptible d’aider à mieux recevoir, en amitié et en mode D.J, la poésie de l’amour courtois…
« Nous sommes à la fin d’une séquence sur l’amour courtois en seconde. Il me reste deux textes à voir : « Le lai du chèvrefeuille » de Marie de France et un extrait du « Livre du Voir-dit » de Guillaume de Machaut. Mais je n’ai guère envie d’en faire une analyse classique, en particulier dans la configuration de classe en autobus qu’impose actuellement la situation sanitaire. Je décide alors de faire autre chose : de travailler l’oral et l’écoute. Je donne deux consignes aux élèves : choisir un extrait de 5 à 10 vers de Marie de France ou de Guillaume de Machaut ; chercher sur le téléphone portable une mise en musique d’un poème quelconque du Moyen-âge et envoyer le lien à Maëlle qui a une enceinte Bluetooth. Les élèves ont un quart d’heure / 20 minutes pour faire ce choix. Nous nous rendons ensuite dans la salle multimédia, je pousse les chaises, fais le noir et les invite à rester assis ou à s’allonger sur le sol moquetté. La séance de lecture et d’écoute commence : chacun demande la parole en levant le doigt silencieusement, je fais le chef d’orchestre, et entre chaque lecture Maëlle lance 20 à 30 secondes d’un des extraits musicaux reçus de ses camarades. Ainsi pendant 20 minutes dans le noir, éclairés seulement par les écrans d’ordinateurs ou de téléphones portables, nous faisons une Boiler Room poétique du fin’amor. Et les élèves me font découvrir que j’aime encore plus la poésie du Moyen-âge que je ne le croyais ! »