« Il faut de la confiance ». C’est le maitre mot de la première journée de la Conférence de comparaisons internationales sur la formation des enseignants organisée par le Cnesco du 16 au 20 novembre. Quatre journées durant lesquelles vont se succéder des débats entre spécialistes venus de 10 pays et des ateliers. L’ouverture de la conférence a opposé deux vidions de la formation des enseignants, une très libérale et une plus centrée sur la collaboration entre les acteurs.
Former pour satisfaire la hiérarchie ou le professeur ?
Olivier Maulini (université de Genève) et Régis Malet (université de Bordeaux) co président cette conférence du Cnesco. Il leur revient de définir ce que pourrait être une politique de formation des enseignants. « La formation est-elle là pour satisfaire la hiérarchie ou le professeur ? », demande d’emblée O Maulini. « Est-elle un outil de développement professionnel ou une mise au pas ? ». R. Malet prend la formule au bond et montre comment la formation des enseignants renvoie à l’organisation des systèmes éducatifs. Par exemple dans les pays libéraux l’accent est mis sur la valeur ajoutée apportée par la formation au taux de réussite de l’école, alors qu’ailleurs le développement personnel de l’enseignant peut être recherché.
Cette opposition entre modèle managérial et modèle plus coopératif va opposer les deux invités de la matinée, Michaël Fullan et Ian Menter.
Le modèle managérial
Michaël Fullan (Université de Toronto) a conseillé le gouvernement libéral de l’Ontario entre 2003 et 2013 au moment où il a mis en place une réforme de l’éducation. Pour lui ce qui s’est passé sur cette période c’est le passage d’une culture bureaucratique à une culture de l’efficacité dans l’Ecole. Il a suivi ce que T Blair avait fait en Angleterre dans les années 1990 et e a tiré des leçons pour l’Ontario. Le maitre mot est l’efficacité. M Fullan sort ses courbes d’évolution des résultats des élèves, réalisée grace à des batteries de tests. Pour lui pour réussir a améliorer les résultats du système éducatif, il faut se fixer des buts limités, avoir des data pour montrer les progrès et travailler le leadership. On arrive ainsi à créer une nouvelle culture commune collaborative des enseignants avec les leaders.
Un métier de chercheur perpétuel ?
Ian Menter (Université d’Oxford) apporte une vision nettement différente. »Peut-on définir un enseignement à l’aide de tests » demande t-il ? Pour améliorer la formation des enseignants il faut en faire des professionnels en recherche perpétuelle, faire de l’enseignement une « inquiry oriented practice ». Et cela est de la responsabilité de tous, écoles, universités, système éducatif, communauté. « Nous sommes tous dans le même bateau ». La confiance est alors un pré requis.
Quelle confiance envers les politiques ?
La question de la confiance entre les professeurs et le pouvoir politique est posée par O Maulini. Régis Malet rappelle qu’aux Etats Unis l’experience de la culture de l’efficacité a conduit au « teaching for the test ». C’st une autre façon de parler de la confiance. Ian Menter insiste sur le fait de faire évoluer la culture des chefs d’établissement. Ils doivent abandonner l’image du preux chevalier qui sauve son école pour passer au leadership collectif.
Justement demain il sera question de l’intégration de la formation continue dans les métiers des personnels d’éducation.
F. Jarraud