Dans de nombreuses académies, les professeur.es de français ont reçu l’information suivante : suite à un arbitrage juridique, le candidat à l’oral de français au baccalauréat ne sera pas autorisé à apporter l’ouvrage qu’il a choisi de présenter dans la 2nde partie. La décision interroge. Dans l’EAF précédent, les élèves n’avaient-ils pas droit au manuel et à des éditions annotées ? Quid de la relation personnelle au livre que cette 2ème partie de l’oral était censée venir valoriser et que menaçait déjà l’interdiction d’apporter ses éventuelles productions de sujet lecteur ? La didactique du français au lycée serait donc à nouveau méprisée, en étant cette fois-ci livrée aux services juridiques du ministère ? Comment se fait-il d’ailleurs que le service de presse du ministère, interrogé, diffuse sur le sujet des informations contraires à celles des IPR ?
Réaction enseignante : « Le fait que les élèves viennent sans le livre m’exaspère. Déjà, a priori, on les soupçonne de vouloir frauder ! Ensuite, ce rapport qu’ils peuvent instaurer avec l’objet livre, rapport sensuel, intellectuel, physique (vous savez ce livre dont on corne les pages, dont on souligne des passages, qu’on a dans son sac des semaines et des mois, celui qui est taché de café…), et bien ce rapport est supprimé. L’année dernière, dans les deux classes de première, des élèves avaient noué cette relation avec le livre qu’ils voulaient présenter. Last but not least : c’est vraiment envisager cette partie de l’épreuve comme une épreuve de savoirs alors que personnellement ce n’est pas du tout comme ça que je l’ai comprise, que je l’envisage, que j’y prépare mes élèves. Je leur dis : « Choisissez votre angle personnel, votre lecture, votre entrée et développez-là. Toi, tu as choisi « Le Cahier de Douai » : Pourquoi ? Pour le thème du voyage ? Et toi pour l’écriture ? Toi c’est pour la dimension autobiographique en poésie ? Ok, je vais vous aider à étoffer votre entrée, créer vos réseaux perso dans le livre, votre cheminement… faire des liens avec d’autres œuvres, d’autres arts…). Les appareils critiques n’ont que peu à voir avec ça me semble-t-il… Beaucoup parmi mes élèves l’année dernière avaient choisi Hilda ou Laetitia ou Autorportrait de Levé : sans le livre entre les mains, ils font comment ? Et l’examinateur lui a droit au livre et il vérifie si les citations sont les bonnes ?! »