Les derniers nombres de cas de covid dans les écoles et établissements scolaires publiés par le ministère de l’éducation nationale sont doublement incroyables. D’abord parce qu’ils sont si bas qu’on se demande bien pourquoi le ministre bascule les lycées à moitié en distanciel. Ensuite parce qu’ils sont très éloignés des nombres de jeunes contaminés publiés par le ministère de la Santé. Le ministère ne fournit pas d’explication convaincante à cet écart.
« Aujourd’hui, vendredi, on est à 3.528 élèves qui ont un test positif et 1.165 personnels », explique JM Blanquer sur RTL le 6 novembre. Il ajoute que « ça reste un chiffre maitrisé et qui est en dessous des proportions qu’on rencontre dans le reste de la population ». Cela lui permet de dire également que « le protocole a assez bien fonctionné ».
Or il faut bien dire que ces nombres sont difficiles à accepter. D’abord parce qu’ils sont en rupture avec ceux, déjà très bas, donnés par le ministère avant les vacances de la Toussaint. Le 16 octobre le ministère déclarait 8223 élèves contaminés et 2063 personnels. Deux semaines plus tard ils sont 3528 et 1165. A croire qu’effectivement la fermeture des écoles a des effets très positifs ! Mais avec cette baisse et si peu d’élèves (0.03%) et de personnels (0.1%) malades, on se demande bien pourquoi le ministère change le protocole et met les lycées à mi-régime. Il y a là des incohérences aussi fortes que cet effondrement du nombre d’élèves malades dans un pays qu’il a fallu reconfiner en urgence tant l’épidémie explose.
Ces nombres sont aussi sans rapport avec ceux rapportés par le ministère de la santé. Selon le site Géodes, qui recueille les données sur l’épidémie, il y a eu 3200 enfants de 0 à 9 ans déclarées positives les 3 et 4 novembre. Rappelons que le ministère en compte 3528 tous âges confondus pour la semaine entière.
Chez les10-19 ans, le ministère de la santé compte près de 14 000 cas positifs pour ces mêmes 3 et 4 novembre. En deux jours on aurait donc près de 6 fois le nombre déclaré par le ministère pour la semaine.
Interrogé par le café pédagogique, l’entourage du ministre répond que « l’ensemble des cas positifs que nous faisons remonter viennent des ARS, où se trouve aussi Santé Publique France » et que « le ministère de l’éducation nationale n’a pas le droit d’avoir des informations de santé d’élèves, par essence confidentielles, si elles ne sont pas données par les parents ou un certificat du médecin qui l’indiquerait, ou l’ARS ».
Il apparait quand même que le mode de collecte de données du ministère, depuis le début de l’année scolaire, laisse à désirer. Les enseignants ont vu de semaine en semaine les règles changer pour la recherche des cas contacts par exemple l’objectif étant très visiblement de ne pas fermer de classes et d’écoles. Ainsi il semble que les moins de 11 ans ne puissent plus être considérés comme cas contact peut-être parce qu’ils portent un masque.
Cette politique a deux défauts. Le premier c’est qu’elle aboutit à des résultats incroyables. Selon le ministre « le protocole a assez bien fonctionné » puisqu’on ne compte plus que 7 classes et 5 structures scolaires fermées dans un pays en plein confinement.
Derrière ces nombres difficiles à croire il y a des enfants, des familles et des enseignants et un virus qui en réalité se moque de l’éducation nationale.
François Jarraud