Dans les classes surchargées et mal ventilées ou mal chauffées, de nombreux enseignants, et des syndicats, demandent des purificateurs d’air, à l’image de ce qui se fait en Allemagne. Une région française, Auvergne Rhône Alpes, a d’ailleurs investi dans ces systèmes. Or le 2 novembre, sur France Inter, JM Blanquer a mis en doute l’efficacité des purificateurs d’air. « On a fait une étude scientifique. Les résultats ne sont pas probants. Parfois cela renvoie le virus », a-t-il dit. Mais quelle étude ? Nous avons posé la question à l’entourage du ministre. Et pu consulter cette étude, qui existe bien.
JM Blanquer s’appuie sur une étude de l’Anses publiée en 2017. Pour l’Anses, « les éléments scientifiques collectés et analysés ne permettent pas de démontrer une efficacité en conditions réelles d’utilisation des dispositifs d’aération de l’air intérieur ». Bien au contraire l’étude signale les dangers liés à certains appareils comme ceux par photocatalyse ou encore les sprays vendus dans le commerce.
Pourtant l’Allemagne investit dans la généralisation avant l’hiver de ces appareils dans les classes. Et aux États-Unis des experts sont favorables à leur utilisation, comme nous l’avons montré dans un article.
Cette contradiction s’explique par le champ des études. « L’objectif de ces travaux n’était pas d’évaluer la pertinence globale de l’utilisation de systèmes d’épuration de l’air intérieur », explique l’étude de l’Anses. Elle laisse de côté certains procédés comme les ultraviolets. Elle n’évalue pas non plus, par exemple, les procédés par filtration mécanique. Elle donne un avis général sur des appareils et des procédés qui sont très différents. Et au final l’avis est tellement général qu’il a ses limites.
Les experts américains portent les mêmes remarques sur certains purificateurs que l’Anses. Par contre l’efficacité des systèmes de ventilation mécanique est établie aux États-Unis à condition d’avoir un filtre adapté aux petites particules porteuses du virus et de changer ces filtres régulièrement. En Europe ces systèmes de ventilation mécanique sont rares dans les écoles. Les Allemands misent sur des purificateurs par filtration dont l’efficacité n’est pas contestée dans l’étude de l’Anses. Bien au contraire, l’Anses souligne leur efficacité pour les très petites molécules et leur usage dans les salles blanches ou les centrales nucléaires. « Le plus grand risque avec les filtres est l’encrassement » dit l’Anses.
L’étude de l’Anses montre la dangerosité de certains procédés. Elle n’établit pas l’inefficacité des purificateurs en général. Mais invite les consommateurs à ne pas acheter n’importe quoi. A l’issue de cette étude il doit être possible de définir les matériels efficaces et d’écarter ceux qui peuvent avoir des effets négatifs pour la santé (et la question pourrait se poser en Auvergne Rhône Alpes). Les purificateurs d’air peuvent trouver place dans les salles de classe particulièrement cet hiver quand l’aération va trouver ses limites.
F Jarraud