« Choyée » par le gouvernement, « priorité » du président de la République, l’éducation connait pourtant une baisse constante dans la dépense du pays. C’est ce que montre une Note de la Depp. Elle ne représente plus que 6.6% du PIB national contre 6.8% en 2017. Si la nation dépense davantage pour le premier degré, elle soutient de moins en moins le lycée et le collège.
Un point de PIB en moins
Comment évaluer la dépense intérieure d’éducation ? Celle ci mesure l’effort de la nation pour l’éducation , de la maternelle à l’université, des dépenses parentales à celles de l’Etat en passant par les investissements des collectivités territoriales. Au total cela représente 160 milliards, presque deux fois le budget de l’Education nationale.
Une telle somme en euros peut faire impression. C’est d’ailleurs elle qui est mis en avant par le ministère. Effectivement la dépense intérieure d’éducation en euros connait une croissance constante depuis 40 ans : elle a doublé sur cette période.
Mais cette progression doit être relativiser avec la croissance du PIB du pays. Et là l’évolution est toute autre. L’éducation a vu sa part augmenter dans le PIB National de 1980 à 1997 passant de 6.3% à 7.7% du PIB. A partir de 1997 elle baisse. C’est un point de PIB qui est perdu pour l’éducation soit une régression très importante. Le plancher est atteint en 2007-2008, alors que G. de Robien est ministre de l’éducation nationale. On assiste ensuite à un palier avec 6.8% du PIB. En 2019 une nouvelle baisse s’annonce : l’éducation ne compte plus que pour 6.6% du PIB.
Le primaire remonte la pente aux dépens du 2d degré
Exprimée par niveau , on constate une hausse de la dépense dans le premier degré d’abord entre 2013 et 2016, puis une accélération entre 2016 et 2017 . Après 2017 la progression continue un peu moins rapidement. En dix ans la France est passée de 6010 à 7000€ par écolier. Cela a à voir avec les dédoublements.
Dans le second degré l’évolution est inverse. Au collège la dépense moyenne par élève se maintient à environ 8800€ par élève. C’est au lycée qu’on constate une forte chute de 11940€ à 11280€.
Globalement sur la décennie 2009-2019, la part de l’Etat est restée stable dans la dépense d’éducation à hauteur de 57% de celle-ci. Les collectivités locales dépensent moins ( de 25 à 23% de la dépense en 10 ans). Ce recul est compensé par une part plus forte des dépenses des ménages et des entreprises.
Une évolution à contre courant des pays de l’OCDE
La France investit-elle assez dans son éducation ? La récente livraison de Regards de l’éducation, publiée par l’OCDE, permet une comparaison internationale. On sait que la France dépense davantage pour son second degré que la moyenne OCDE et nettement moins pour le premier. Une situation qui est en train de se rééquilibrer.
Mais globalement la dépense publique d’éducation est inférieure en France à la moyenne de l’OCDE. Le pays se situe dans les dépenses les plus faibles avec 7.8% des dépenses publiques quand la moyenne est au dessus de 9.8. L’écart est particulièrement net au primaire (2.1 contre 3.4). Depuis 2012, la dépense annuelle d’éducation par élève évolue nettement moins vite en France (+0.3% ) que dans l’OCDE(+1.3%).
Parmi les dépenses, le premier poste est les salaires des enseignants. Selon l’OCDE le salaire statutaire des enseignants français du primaire et du secondaire est inférieur de 18% à la moyenne des pays OCDE. Avec 15 ans d’ancienneté le salaire statutaire d’un enseignant du 1er degré est de 38 173$ en France contre 46 801 en moyenne OCDE. Pour le collège c’est 39 814 et 48 562; au lycée 39 814 contre 50 701. L’OCDE calcule des salaires effectifs moyens un peu meilleurs mais ils résultent de la moyenne entre le début et la fin de la carrière et on sait que le salaire ne monte qu’en toute fin de carrière.
Entre 2005 et 2019, les salaires statutaires des enseignants ayant 15 ans d’expérience et les qualifications les plus courantes ont augmenté en moyenne dans les pays de l’OCDE de 5 % à 7 % aux niveaux primaire et secondaire, malgré une baisse des salaires suite à la crise financière de 2008. En France, les salaires des enseignants à ces niveaux ont baissé entre 2 % et 5 % sur cette période.
François Jarraud