Les 19 et 20 octobre, l’ADEAF, association de professeurs d’allemand, organise son congrès annuel sur « les nouveaux défis pour l’allemand ». Membre du bureau de l’association et ancienne présidente, Thérèse Clerc fait un point sur la situation de l’enseignement de l’allemand à cette rentrée et sur les espoirs mis dans le congrès.
Cette année votre congrès se tient à distance. Le programme montre que les interventions privilégient l’enseignement à distance. Ne pose t-il pas des questions particulières aux professeurs de langues ?
L’enseignement à distance (EAD) est un besoin qui a émergé durant le confinement . Notre rôle d’association de professeurs c’est de mettre le plus d’outils possible à disposition des collègues dans le cas où il faudrait revivre une nouvelle période de confinement. On contribue ainsi à leur formation.
C’est vrai que l’EAD se pose différemment que pour les autres disciplines. On peut réaliser l’entrainement à la compréhension avec des ressources numériques (son et images). Mais c’est plus difficile pour les interactions.
Même si l’EAD est utilisé pour enseigner à distance des langues rares, nous n’en avons pas peur. Nous savons que les élèves ont besoin des interactions humaines pour apprendre. L’enseignement en présentiel ne peut pas être vraiment remplacé par des cours à distance.
Quel bilan faites -vous de l’enseignement de l’allemand au collège à cette rentrée ?
Cette année , dans le contexte très lourd de cette rentrée, nous n’avons pas réalisé d’enquête systématique auprès des collègues. Nous n’avons que des retours partiels. Ce qui est certain c’est que les collègues n’ont pas pu faire la promotion de l’allemand à la fin de l’année dernière. Il faudra voir dans les chiffres sur les 5èmes si cela s’est traduit par une baisse des effectifs.
JM Blanquer se présente comme un défenseur de l’enseignement de l’allemand. Qu’en pensez-vous ?
On est très heureux des paroles positives du ministre à propos de la promotion de l’enseignement de l’allemand et de ce soutien institutionnel. Mais il ne se traduit pas dans des mesures spécifiques d’enseignement.
Ainsi on demande que dans les classes bilangues l’anglais et l’allemand aient des horaires équivalents. Or la situation actuelle est e faveur de l’anglais dont l’horaire est plus important. Aussi on a besoin de dispositifs spécifiques pour promouvoir l’allemand. Si les trois quarts d’une classe d’âge apprend l’anglais et l’espagnol, on ne répondra pas aux besoins économiques du pays.
Déjà on commence à manquer de professeurs d’allemand faute d’étudiants qui prennent la licence littérature culture étrangère allemand. Les bons germanistes vont dans la filière de l’université franco allemande ou font langues étrangères appliquées. Ces deux filières ne mènent pas à l’enseignement. Résultat , cette année 47% des postes de professeur d ‘allemand ne sont pas pourvus.
Qu’attendez vous de ce congrès virtuel ?
On a déjà 130 inscrits mais l’avantage du virtuel c’est qu »on peut s’inscrire jusqu’au 19 octobre. Le programme du congrès est en ligne. Il est tourné vers des situations pédagogiques d’EAD. Mais on se soucie de transmettre lors du congrès de la convivialité bonne pour le moral. En marge du congrès il y a des stands qui permettent de dialoguer en petits groupes et on compte sur eux pour apporter de la chaleur à cet événement. L’inscription et la participation sont gratuites. On fait le pari qu’on aura cette année davantage de monde que les années habituelles.
Propos recueillis par F. Jarraud