Après trois années de promesses et de premiers scénarios en février 2020, le ministère a communiqué aux syndicats le 13 octobre des propositions salariales.. Elles se composent d’une prime d’équipement informatique versée à tous les enseignants devant élève d’un montant de 150€ annuels et d’une prime d’attractivité dont le montant et les destinataires restent à déterminer. Les syndicats soulignent les limites de ces propositions. Mais ils ont pour la première fois depuis longtemps l’impression d’être entendus.
Une prime d’équipement pour tous
Le ministère propose une revalorisation divisée en quatre parties. D’abord une prime d’équipement informatique destinée à tous les enseignants d’un montant net annuel de 150€. Elle serait versée en début d’année, en février ou en mars. Elle serait attribuée aux seuls professeurs exerçant devant élèves et inscrits dans une relation de travail durable avec le ministère (contractuels ayant un contrat d’au moins un an). Cela concerne 895 000 enseignants et une enveloppe de 178 millions, compte tenu des charges sociales.
Une prime d’attractivité pour une minorité
Une prime d’attractivité correspondant à 260 millions serait versée aux enseignants en début de carrière. Elle concernerait tous les enseignants et assimilés du public et du privé, y compris les psychologues de l’éducation, les CPE, les contractuels. Elle serait versée en mai 2021.
Comme il l’avait fait en février 2020, le ministère propose 4 scénarios correspondant à des ouvertures plus ou moins larges d’accès à la prime. Le scénario le plus large ne concernerait que 42% des enseignants. La majorité des professeurs ne sera pas concernée par cette « revalorisation ».
Quatre scénarios
Le premier scénario reprend une proposition de février. La prime serait versée sur les 9 premières années d’enseignement soit à 14% des enseignants. Le montant serait de 135€ net par mois aux échelons 2 et 3 (1624€ annuel). Il baisserait à 61€ net par mois au 5ème échelon. Dans ce premier scénario la prime est identique entre les corps.
Dans le second scénario, 22% des enseignants sont concernés car la prime est versée jusqu’au 6ème échelon inclus. Mais la prime part de 1453€ net annuel pour passer à 726 au 5ème échelon et 427€ au 6ème pour un professeur des écoles. CE scénario a une autre particularité : la prime est plus importante pour les professeurs des écoles (PE) (1453 net annuel à l’échelon 2) que pour les certifiés (1368€) et les agrégés (1282€). Ce scénario diminue donc les inégalités de revenu entre les corps.
Le 3ème scénario concernerait 31% des enseignants jusqu’à l’échelon 7 inclus. Là aussi la somme est plus importante pour un PE (1197€ net annuel à l’échelon 2) que pour un certifié ou un agrégé (1026€). Elle serait aussi plus dégressive. Partant de plus bas à l’échelon 2 elle arrive à seulement 427€ annuels pour un PE au 7ème échelon. Le 4ème scénario concerne 42% des enseignants et prévoit la prime jusqu’à l’échelon 8 inclus. Mais à cet échelon la prime n’est plus que de 171€ nets annuels pour un PE, 85€ pour un certifié et rien pour un agrégé.
La troisième partie concerne des mesures catégorielles. 45 millions seront pris dans l’enveloppe de la revalorisation pour augmenter l’indemnité des directeurs d’école et revaloriser les personnels de direction.
La dernière partie correspond à la hausse du taux de promotion pour l’accès à la hors classe. Le taux serait porté à 18%. Cela concernerait que 1700 bénéficiaires, plutot en milieu de carrière, pour un coût de 11 millions.
Les syndicats attendent des corrections
« On ne peut pas parler de négociation car on est dans une enveloppe fermée à la différence de ce qui vient de se passer dans le supérieur », nous a dit Stéphane Crochet, secrétaire général du Se-Unsa. Mais il souligne que le syndicat a été entendu car le ministère n’exige plus de contrepartie pour ces mesures alors que c’était encore le cas début 2020.
Pour la prime d’attractivité, le Se Unsa estime « qu’il y a bien un enjeu à combler les écarts de rémunération entre les corps mais la prime d’attractivité n’est pas le bon outil ». Quant au choix du scénario, il voudrait qu’il puisse rendre indispensable un plan pluriannuel. Le Se Unsa voudrait que la prime d’équipement informatique soit versée à ceux qui en sont exclus comme les CPE, les professeurs documentalistes ou les Rased.
« Ils ont inclus dans les 400 millions des mesures catégorielles pour les personnels de direction, alors que cette enveloppe était fléchée pour les enseignants », déplore Benoit Teste, secrétaire général de la Fsu. Mais il souligne que le ministère a abandonné les autres prélèvements qui étaient envisagés : financement des formation sur congés, remplacements en interne en établissement par exemple. La Fsu voudrait aussi que la prime d’équipement informatique soit étendue.
« Le ministère a mis la question des contreparties sous le tapis. Mais cette question va revenir », nous a dit B. Teste. « Le ministre a une très forte volonté de profiter de la revalorisation pour imposer des tâches supplémentaires aux enseignants ».
« Il faut une programmation qui revalorise toute la profession », insiste B Teste. POur cela il faudrait que le ministère s’engage enfin sur l’après 2021. Pour le moment, les documents communiqués aux syndicats le 13 octobre ne sont que des propositions. Elles seront étudiées et amendées lors du « Grenelle des professeurs » dont la date est encore incertaine.
François Jarraud