Comment faire entrer de jeunes collégiens dans des raisonnements géographiques ? Jeune professeur au collège des Avaloirs à Pré en Pail (Mayenne), Rémy Plumas se sert de la géographie prospective. Il invite les collégiens à imaginer une ville du futur , mais une ville viable, qui réponde aux problématiques urbaines. Un bel exercice pour de jeunes ruraux qui mobilise les imaginations pour mieux mobiliser les savoirs.
L’imagination au service des savoirs
Pourquoi faire travailler la ville à de jeunes ruraux ? Au départ de cette séquence, Rémy Plumas les fait travailler sur la ville coréenne de Songdo, une métropole construit ex nihilo pour tenter de répondre aux problématiques urbaines. « Les élèves voient une ville fonctionner et identifient les problématiques urbaines », nous dit R Plumas.
Arrive la consigne d’imaginer une « ville de demain » qui puisse y répondre. « Ce n’est pas un rêve qu’ils doivent cartographier, ni même de l’art, même si certaines cartes sont artistiques. Ce qu’ils représentent c’est comprendre l’organisation et le fonctionnement d’une ville. L’ancrage dans le territoire doit être présent dans leur projet », explique R PLumas.
C’est là que la géographie prospective montre son utilité. « Elle mobilise davantage les élèves. Chacun peut imaginer une solution à un problème d’aménagement. Au final c’est une manière d’amener le savoir d’une autre façon. Ils construisent leur savoir et restent ancrés dans le réel tout en gardant une grande capacité d’imagination ». Pour lui ces jeunes collégiens « pensent en géographes ».
Dimension citoyenne
La dimension citoyenne est présente aussi dans l’exercice. « Ils réfléchissent sur la façon dont se prennent les décisions d’aménagement », cela se lit dans le commentaire qui accompagne leur carte », dit R Plumas. Les élèves découvrent par exemple les inégalités socio spatiales et ont à coeur de réaliser la mixité sociale dans leur ville de demain.
Pour R Plumas, cette sequence lui a permis de découvrir l’intérêt de laisser davantage d’autonomie aux élèves. « En leur donnant les clés du langage cartographique, en leur laissant plus de liberté, je découvre qu’ils son tous capables de comprendre beaucoup par eux-mêmes. Ils ont compris par exemple qu’il faut une organisation de l’espace et qu’il faut justifier les localisations urbaines ».
Au fait elle ressemble à quoi la ville de demain de ces jeunes ruraux ? Les élèves projettent des habitats en mer ou en bord de mer, la mer entrant en interaction avec leur ville pour produire de l’énergie ou communiquer.
François Jarraud