« Viens, on lance les créations mathématiques en co-enseignement en profitant des temps de PVP (professeur de la ville de Paris) » me lance un collègue. Les mathématiques en méthode naturelle, ça reste pour moi un grand mystère. En création mathématique, j’arrive mal à voir comment les élèves dépassent une géométrie perceptive un peu sommaire. Quant à se lancer dans des recherches mathématiques…
Tout cela me semble très difficile. Mais, on ne refuse pas une aventure collective, alors c’est parti ! Lundi après-midi, ce sera « labo maths » avec deux enseignants pour 20 élèves, on verra bien ce qui en sort et au pire, on se rabattra vers des situations-problèmes Ermel… Et on décale le temps de mise en commun au lundi suivant.
Ce lundi, on observe les productions de chacun. La petite Emma remarque que, dans la création d’Elie, c’est comme si il fallait chercher « quel nombre c’est A pour faire 25 000 ». On lui propose de chercher.
Les nombres près de chaque cercle de la création de Stefan intrigue et on émet l’hypothèse qu’il s’agit de la mesure du périmètre.
Halima et Nael se proposent de vérifier cette hypothèse et de comprendre leur signification. Par hasard, Stefan n’est pas là et ne peut nous décrypter ce qu’il a voulu faire. La classe devient cette petite ruche active et industrieuse. Avec un peu d’aide, Emma résout l’équation d’Elie et décide d’en écrire d’autres. Halima essaie de mesurer le périmètre d’un des cercles de Stefan avec sa règle, tandis que Nael cherche frénétiquement dans sa « boite à outil » comment s’appelle ce segment dont la longueur correspond au mystérieux nombre : le rayon.
Le vendredi suivant, Halima et Nael présentent leur conclusion à la classe.
« – Ce n’est pas le périmètre, puisque je l’ai mesuré, ça fait 25 centimètres, déclare la jeune élève de CM1.
– C’est la longueur du rayon, ajoute Nael avant de lire la définition, « le rayon c’est un segment entre le centre du cercle et n’importe quel point du cercle.
– Mais comment tu as mesuré le périmètre du cercle, demande soudain John.
– Avec ma règle.
– Mais ce n’est pas possible, c’est… c’est courbe alors que la règle, elle est… elle est droite.
– Si, j’y suis arrivé.
– Alors, oui, John a raison, on peut mesurer à approximativement, mais ce n’est pas une mesure précise que tu as faite là Halima. »
C’est à ce moment que Océane, qui n’a pas encore dit un mot depuis le début de l’année, lève le doigt.
– J’ai une idée moi, pour mesurer le périmètre d’un cercle.
– Est-ce que tu pourras t’en occuper lundi prochain alors ?
La création mathématique, en deux semaines, a rendu non seulement les mathématiques palpitantes, aventureuses et ambitieuses, mais a créé une dynamique de coopération dans la classe que n’avait pas suscité autant la pratique du texte libre avec laquelle j’étais plus à l’aise. Passant de mains en mains, la création mathématique « de Stefan » ne lui appartient plus vraiment. Progressivement, elle suscite des recherches qui appartiennent à la classe.
Arthur Serret, classe de CM1/CM2
Pour aller plus loin
1) Les Mathématiques naturelles
2) Une Vidéo de recherche mathématique
Une question :
Qu’il y a-t-il de commun entre l’écriture de textes libres et la création mathématique ?