« Notre stratégie ne varie pas : lutter contre le virus en évitant de devoir mettre entre parenthèses notre vie sociale, culturelle, économique, l’éducation de nos enfants ». Entre le sanitaire et l’économique, le gouvernement semble donner la priorité à l’économie, à rebours de son choix de mars 2020. De son allocution du 11 septembre on retient surtout l’abaissement de la quarantaine à seulement 7 jours, ce qui devrait ramener au travail et dans les écoles davantage de personnes. Des enseignants remarquent que les invitations du 1er ministre à la distanciation sont contredites dans les faits. La tension sur les emplois enseignants et territoriaux sont déjà dans les écoles. Les premiers droits de retrait aussi.
Double discours
Le gouvernement avait annoncé une hausse des contaminations dans la population. On attendait des mesures face à l’épidémie. J Castex n’a fait qu’une leçon de morale affirmant que « demain dépend de vous, de nous » tout en allégeant la durée de la quarantaine à une semaine au lieu de deux. L’annonce de 12 nouveaux départements classés « à circulation active du virus » (Ain, Aude, Ille-et-Vilaine, Isère, Loire, Loire Atlantique, Maine et Loire, Pas de Calais, Puy-de-Dôme, Pyrénees atlantiques et orientales et Tarn-et-Garonne) ne s’accompagne d’aucune mesure. Le premier ministre a annoncé des décisions pour Bordeaux, Marseille et la Guadeloupe prochainement.
Mais l’essentiel de son discours visait à maintenir le déconfinement (« nous devons réussir à vivre (avec le virus) sans nous laisser entrainer vers le confinement généralisé ») et à transmettre la responsabilité de l’épidémie à la population : « la solution la plus simple on la connait c’est appliquer strictement les gestes barrières. Cela dépend essentiellement de nous. On doit impérativement respecter les règles de distanciation physique. Nous devons nous laver les mains. Nous devons porter le masque ».
Le protocole dépassé
« Le premier ministre utilise un ton solennel mais sait très bien que dans les lycées et collèges on s’entasse à 36 voire 39 », répond le Snes dans un tweet. C’est que l’école n’est pas capable d’appliquer les mesures recommandées par J Castex.
Les règles de distanciation sont « recommandées » mais non appliquées car les classes sont trop chargées pour cela. Le lavage des mains est un problème dans un quart des écoles et établissements qui n’ont pas assez points d’eau. Quant aux masques, le ministère continue à les vanter alors qu’ils semblent très inférieurs aux simples masques chirurgicaux.
A noter que le conseil scientifique ne propose la réduction de la quarantaine à une semaine que « si le risque résiduel peut être maitrisé par le port rigoureux du masque chirurgical et le suivi scrupuleux des mesures d’hygiène et de la distanciation physique ».
Enfin les syndicats soulignent les dangers liés au brassage des élèves. Un point particulièrement délicat est la cantine. Ainsi à Tours une école maternelle est fermée suite à la maladie d’un seul membre du personnel de cantine parce « qu’il n’est pas possible d’exclure totalement un risque de transmission aux enfants ayant fréquenté le réfectoire ». En autorisant le brassage le ministère s’est désarmé face à l’épidémie. Peut-être le sait-il. Mais il n’a pas d’autre choix la réforme du lycée impliquant le brassage des élèves…
Une étude réalisée par l’agence flamande soin et de santé de Belgique montre que la contamination se fait surtout sur le lieu de travail et à l’école. C’est ensuite qu’elle gagne les familles.
A Saint-Denis (93) des professeurs du lycée Paul Eluard exercent depuis jeudi 10 leur droit de retrait s’estimant mis en danger par l’institution. Ils dénoncent des élèves dépistés sans mise en quarantaine de leurs camarades et encore moins de fermeture de classe. Les enseignants n’auraient pas reçu de masques de l’Etat. En Seine maritime les élus au CHSCT demandent des masques chirurgicaux au lieu des masques DIM et des FFP2 pour les personnes fragiles. Le gouvernement a choisi de maintenir les écoles et les entreprises ouvertes tant qu’ily aura du personnel… Pendant combien de temps cette inaction sera t-elle possible face à la progression de la maladie ?
F Jarraud