Alors que beaucoup d’enseignants sont inquiets pour leur santé compte tenu de leurs conditions de travail et des insuffisances du protocole, la publication d’une lettre de l’Agence régionale de santé estimant les masques fournis par le ministère insuffisamment protecteurs suscite une mobilisation syndicale. Elle est particulièrement embarrassante pour le ministre alors que l’épidémie progresse rapidement et qu’un Conseil de défense se tient le 11 septembre.
Des masques insuffisants
Cette information arrive alors que les cas de covid se multiplie et que le gouvernement reconnait 32 écoles et 524 classes fermées. Tout est parti d’une déclaration de l’ARS de Bretagne. Dans un courrier elle déclare que les masques en tissu distribués aux enseignants des écoles est « une protection insuffisante envers les enfants » et que les enseignants « seront donc considérés comme « contacts à risque » si un enfant de leur classe est testé positif au Covid 19. De même l’ensemble des enfants d’une classe sera considéré comme contact à risque si un personnel est testé positif « . Dans le premier degré seuls les enseignants sont masqués. Et depuis la rentrée les enseignants se plaignent de la mauvaise qualité et de l’inconfort des masques. La plupart des modèles distribués n’ont pas de pince-nez par exemple.
Le Snuipp FSU demande immédiatement au ministre de doter les enseignants de masques chirurgicaux comme le recommande l’ARS de Bretagne.
Un manque de préparation
La FSU sous la plume de B Teste écrit à JM BLanquer. « Moins de deux semaines après la rentrée des élèves et des professeurs, la FSU constate – à nouveau – une grande hétérogénéité et une certaine cacophonie dans la mise en oeuvre des mesures sanitaires de prévention et dans la gestion des cas suspectés, des cas confirmés, des contacts à risque et des clusters », écrit-il. » Concernant les personnels particulièrement vulnérables, tels que décrits dans le décret du 29 août 2020 (décret n°2020-1098), sont-ils informés de leurs droits par leur employeur ? Si oui comment ? Si non, cette information est-elle prévue ? Le ministère va-t-il demander aux recteurs de transmettre ces informations aux personnes concernées ?… Concernant l’application de la doctrine pour les cas contact, nous ne pouvons que nous étonner et vous alerter suite à la décision de maintenir en poste des professeurs des écoles alors que leurs classes ont fermé suite à des cas de Covid-19 avérés. Nous vous rappelons d’une part que seuls les adultes portent le masque dans les écoles alors que ces derniers ne sont une protection qu’à la condition que les deux personnes en présence le portent ; d’autre part que certains masques tissus, mis à disposition par le MEN, ont une protection plus limitée en cas de projection. Ce dernier point a été confirmé par l’ARS de Bretagne, qui préconise de doter les personnels des écoles de masques chirurgicaux ».
La FSU demande au ministre comment il compte assurer la continuité pédagogique alors que les effectifs en remplaçants sont déjà débordés dans plusieurs départements. Il l’interroge aussi sur la prise en charge des élève et sur leurs conditions de retour en classe.
Dénonciation de l’omerta
Le Snuep Fsu attaque le ministère sous un autre angle et dénonce « l’omerta du ministère sur la réalité sanitaire ». « Le premier élément probant est l’opacité des informations données aux enseignant·es lorsqu’un élève est suspecté de contamination à la covid-19 voire contaminé. Tout se passe comme si une consigne avait été donnée de ne pas divulguer les renseignements aux équipes. Ce choix de mettre « sous le tapis » est grave car il met en danger les personnels, les élèves et leurs proches « , écrit le Snuep. « Alors que le ministre prétend que l’Éducation Nationale est prête pour la rentrée, des réponses complètement différentes d’une académie à l’autre sont données aux collègues face à des situations identiques, notamment pour la gestion des « cas contact » ».
Revoir les conditions de travail
Le Sgen Cfdt intervient aussi avec une lettre au ministre co-rédigée avec la Fep Cfdt. « Nous demandons que les personnels exerçant dans les classes maternelles et élémentaires, en EPS, dans lesquelles les élèves ne portent pas le masque, soient équipés de masques chirurgicaux, voire de masques chirurgicaux de type II… Nous demandons que le ministère saisisse le Haut conseil de santé publique concernant le port du masque pour les élèves des écoles élémentaires ». L’OMS autorise le port du masque à partir de 6 ans. Enfin le Sgen demande un aménagement des conditions de travail. « Nous demandons qu’à partir des retours d’expérience des personnels, le type de masques fournis mais aussi l’organisation du travail s’adaptent aux besoins. Beaucoup d’enseignant.es signalent devoir forcer leur voix en particulier avec le masque en tissu. Il nous semble qu’il faut donc prévoir une dotation complémentaire en masques chirurgicaux, ainsi que, en lien avec les collectivités locales, l’équipement sonore des salles de classe et d’amplificateurs de voix pour les enseignant.es. Dans l’intérêt de tous les personnels, il convient aussi d’adapter l’organisation du travail dans les établissements et les services pour permettre des pauses régulières permettant de s’isoler et d’ôter un temps son masque ».
On notera que toutes ces demandes ne portent ni sur le brassage des élèves ni sur l’entassement des élèves dans les salles. Elles ne remettent pas en question la priorité donnée au retour en classe. Mais elles interrogent fortement la gestion ministérielle incapable de prévoir une protection suffisante et d’organiser le travail dans les établissements.
François Jarraud
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