« Je repars sur une année normale ». »On montre que c’est quasiment comme avant ». « J’attends avec impatience le retour à la normale ». Alors que s’amorce une année pas comme les autres, trois professeurs d’histoire-géographie, Gilles Chamayou, au collège Itard d’Oraison (Alpes de Haute Provence), Emmanuel Demy, au collège Rep+ des provinces, à Cherbourg et Philippe Sallet au collège René Cassin de Baumes -les-Dames (Doubs), témoignent d’un quasi retour à la normale. Pourtant il y a l’impact du masque, de la distanciation dans la gestion de la classe et au final de la pédagogie. S’il est trop tôt pour savoir dans quelle mesure la situation sanitaire finira par peser sur la pédagogie, ces trois enseignants témoignent de la volonté de maintenir leur identité pédagogique et leurs pratiques. Envers et contre tout…
Les élèves sont revenus en cours
Le premier défi de cette rentrée inhabituelle c’est le retour des élèves en cours. « J’ai pu revoir des élèves perdus de vue depuis mars », témoigne Philippe Sallet; « On rassure ces élèves. On leur dit que le spoints de programmes qu’ils n’ont pas vus et qui sont utiles pour cette année seront traités. Je suis plus inquiet sur leur endurance : après une absence aussi longue alors qu’ils avaient déjà un profil de décrocheur, pourront -ils tenir ? ». Dans son collège Rep+, Emmanuel Demy constate que tout le monde est là. « C’est la première rentrée où pas un élève ne manque. Ca veut dire quelque chose aussi bien pour les élèves que les parents ».
Eduquer les élèves au port du masque
Dans quelle mesure la situation sanitaire pèse t-elle sur l’enseignement en histoire-géographie ? Partout les établissements appliquent le protocole sanitaire . Mais chacun le fait à sa manière, plus ou moins stricte selon la situation locale.
Le protocole c’est d’abord le masque obligatoire pour professeurs et élèves. « On fait un métier oral ce n’est donc pas confortable », confie P. Sallet. « Du coup je demande aux élèves de bien articuler et de lever clairement la main. Quand le masque ne sera plus obligatoire les élèves auront bien progressé en expression orale… » « Hormis la fatigue et le mas de tête, ça ne change pas la pédagogie », estime E Demy. « Ca n’empêche pas de capter leur attention ». Dans le collège rural de G Chamayou « le masque n’a pas gâché les retrouvailles. On a beaucoup discuté ». Les élèves ont travaillé sur le protocole. « Je l’ai traité comme un cours d’EMC en expliquant à quoi il sert pour qu’ils l’appliquent intelligemment ».
Des interactions un peu limitées
Le protocole organise aussi l’espace scolaire. Dans leurs trois collèges, les professeurs ont pu garder leur salle spécialisée d’histoire-géo ce qui facilite bien les choses. « J’ai un chariot avec les tablettes », explique P Sallet. Il faut les désinfecter avant usage et ça peut réduire la volonté de les utiliser. Il y a aussi la gestion des cahiers. « Je ne peux plus intervenir sur un cahier en passant dans les rangs ou avoir un aparte avec un élève ». G Chamayou « distribue les polycopiés comme avant » mais désinfecte aussi les ordinateurs avec des lingettes fournies par l’établissement.
Mais le retour des projets
« Je repas comme l’an passé avec des projets », explique E Demy. « En 5ème pour le chapitre de géographie sur les risques, les élèves préparent un oral sur les risques au collège qu’ils présenteront dans les autres classes en gardant leurs distances ». G Chamayou « ne supporte plus le cours magistral » et reprend le travail en ilot. « Je repars sur ce que je sais faire et aime faire ». Il avoue faire attention, par exemple dans la gestion des copies. Mais pas question de le montrer aux élèves et que ça pèse sur l’atmosphère. « On montre que c’est quasiment comme avant ».
Il y a pourtant une inconnue qui continue à peser sur l’année : les sorties scolaires, si importantes en histoire-géo. « On prépare toujours deux journées au Mont Saint Michel », explique E Demy, « mais l’hébergement pose problème avec la fermeture de l’auberge de jeunesse ». Par contre le projet Erasmus + est maintenu. P Sallet et G Chamayou aussi se heurtent à la limitation des entrées dans les lieux de visite. Pas sur que tous les élèves seoient accueillis.
Mais le souci général c’est « retrouver la normalité », comme dit G Chamayou. En ce début d’année, professeurs et élèves sont dans le plaisir des retrouvailles. Le retour à la normale semble possible.
François Jarraud