« Il donne un élan politique aux mesures réglementaires qui pourront être prises dès la rentrée prochaine ». Le 25 juin, après le vote de la loi Rilhac à l’Assemblée, JM Blanquer a annoncé sa volonté de publier sous 15 jours des textes sur les directeurs d’école avec application à la rentrée 2020. Alors que le dialogue social sur cette question est en panne, le Snuipp Fsu comme le Se-Unsa attendent la relance de la concertation sur cette question particulièrement vive.
Un vrai sujet et une concertation en panne
« Les directeurs sont épuisés , sur-sollicités, pris en étau entre le protocole, les familles et les déclarations du ministre. Il faut répondre à leurs revendications légitimes », nous dit Francette Popineau, co-secrétaire générale du Snuipp Fsu. « ON a un sujet qu’on pousse depuis des mois. Mais il y a eu beaucoup de sur place avant la crise », nous dit Stéphane Crochet, secrétaire général du Se-Unsa.
En fait , après le suicide de C. Renon, le ministère a été contraint d’ouvrir une concertation. IL a lancé une enquête auprès des directeurs qui a montré que les directeurs ne veulent pas d’un statut mais d’aide administrative et des décharges. Deux réunions ont eu lieu en février et mars. Jusqu’à ce que la loi Rilhac relance le débat et invite le ministre à trancher rapidement.
Lectures différentes du futur statut
« On est favorable à la reconnaissance des missions des directeurs. On avait montré les axes qui ne conviennent pas : une reconnaissance mais avec contreparties, l’oubli des petites écoles dans les décharges. Mais la loi Rilhac ne convient pas à cause de cette délégation de compétences », nous dit F. Popineau. « Elle pourrait renforcer un rôle autoritaire du directeur sans lui donner plus d’autonomie dans l’animation de l’équipe », estime t-elle. « La délégation de compétences va donner au directeur certains fonctions contraignantes des inspecteurs. On se retrouve avec une autorité dans l’école ».
Le Se-Unsa fait une analyse différente. « C’est une augmentation de l’autonomie de l’école et la capacité du directeur à prendre des décisions sans avoir à tout faire valider par l’inspecteur. La crise a montré que c’est nécessaire. Lors de la crise il a fallu aller vite. C’est le début de la réduction d’écart entre la perception commune du directeur et la réalité réglementaire ».
Pour Stéphane Crochet, la loi Rilhac « ne peut pas aller plus loin sans se heurter au pouvoir réglementaire. Mais c’est un engagement parlementaire à avancer là où le ministre n’a pas avancé depuis des mois. Elle oblige l’exécutif à avancer ».
« Finalement la loi a été vidée de son contenu et constitue une coquille vide », estime Francette Popineau. « Le ministre peut y mettre ce qu’il veut ».
Les syndicats attendent des avancées concrètes
Là où les deux syndicats se rejoignent c’est dans la nécessité d’une concertation. « Il faut remettre en route le chantier et qu’on reparle des mesures concrètes pour toutes les écoles, sur l’aide administrative pour toutes les écoles, sur l’indemnitaire pour tous les directeurs », nous dit F. Popineau. « Le ministre doit avancer sur les points consensuel comme les décharges, la rémunération, le secrétariat administratif », estime S. Crochet. Si un consensus des organisations syndicales se dessine, rien ne bouge pour le moment rue de Grenelle.
François Jarraud