Le musée d’Orsay a rouvert se portes et propose au public une immersion dans l’univers artistique étrange et singulier de Léopold Chauveau (1870-1940). À la fois, sculpteur, illustrateur et auteur de livres pour adultes et enfants, son œuvre est méconnue et protéiforme. Cet artiste autodidacte, médecin de formation, illustre des classiques ou crée des histoires fantastiques d’animaux et d’enfants dont les péripéties allient l’humour à une ironie souvent cruelle. Artiste engagé, antimilitariste, révolté par les extrémismes et la montée du fascisme, Chauveau porte un regard acéré et distant sur son époque. Il n’inculque pas une morale, ni édulcore le monde. L’exposition « Au pays des monstres » propose une immersion dans sa création, en lien avec ses sources d’inspiration et ses contemporains ; malgré sa singularité, son œuvre entre en résonance avec son temps, et est toujours d’actualité.
Une œuvre sans équivalent à l’époque
Médecin de formation, sculpteur, illustrateur et auteur de livres pour adultes et enfants, Léopold Chauveau a crée un univers singulier et personnel peuplé de, créatures hybrides, de monstres maladroits, étonnés de leur propre existence. Les monstres sont un leitmotiv de sa production en sculpture comme en peinture, des compagnons issus d’un monde imaginaire dans lequel il trouve refuge. L’exposition, « Au pays des monstres » permet une complète redécouverte d’une œuvre sans équivalent à son époque. Elle s’articule autour de deux grands axes : d’une part la personnalité, la vie et l’œuvre de Léopold Chauveau et de l’autre son univers pour les enfants.
Au pays du docteur sculpteur
18 sculptures et 100 dessins de Léopold Chauveau sont présentés au musée d’Orsay pour plonger les visiteurs dans un monde fantastiques peuplé de créatures hybrides, maladroites et attachantes. Parallèlement à son activité de médecin, embrassée par obligation familiale mais qu’il n’apprécie guère, Léopold Chauveau s’est réfugié en autodidacte dans un univers artistique étrange, aussi singulier qu’original. Il s’initie à la sculpture vers 1905 et modèle essentiellement des monstres toujours empêtrés, surpris d’être de ce monde. Avec son regard de chirurgien, il invente des mécanismes physiques improbables, bancales, des postures étranges. Certaines créatures rappellent un peu les gargouilles médiévales, d’autres semblent avoir subi des influences japonaises. En dessin, Léopold Chauveau adopte un trait synthétique, précis et incisif pour représenter ses personnages dans un style naïf, dans des décors simplifiés mais explicites. À partir des années 1920, il imagine des paysages monstrueux : étendues antédiluviennes et désertiques où évoluent des monstres biomorphes qui se plient à des activités étranges. Il a aussi illustré de grands classiques- L’Ancien et le Nouveau Testament, les Fables de La Fontaine- dont il a parfois revisité le texte comme pour le Roman de Renard. Il a également crée des histoires fantastiques d’animaux et d’enfants. Au début des années 1930, il manifeste son antifascisme dans le récit illustré, Le Bouffon Babriot, qui conte avec humour noir, la montée sur le trône d’un bouffon doté de bon sens, qui renverse la hiérarchie militaire et prône la paix. Et toutes ces réalisations sont exposées et explicitées, dans l’exposition du musée d’Orsay.
Un espace pour les enfants
Au centre de l’exposition, un espace a été conçu spécialement pour les jeunes visiteurs. Dessins et monstres sculptés sont accrochés à leur hauteur. Des expériences tactiles leur sont aussi proposées. Un espace-lecture au pied des arbres les invite à faire une pause pour plonger dans des contes écrits et illustrés par l’artiste, dont trois sont racontés dans une petite salle immersive. Il leur est aussi possible de dessiner des monstres sur une table tactile, pour les voir ensuite rejoindre une fresque, qui s’enrichit ainsi chaque jour et devient … monstrueuse.
Autour de l’exposition
Une visite vidéo permet un voyage virtuel au pays des Monstres de Léopold Chauveau. Dans le cadre d’un partenariat entre le musée d’Orsay et Gobelins, l’école de l’image, des étudiants de première année de motion design se sont inspiré des œuvres de Léopold Chauveau pour réaliser leurs propres films, qui sont diffusés en boucle dans l’exposition, sur six écrans.
Béatrice Flammang