Le Centre Pompidou consacre à Dora Maar, la plus grande rétrospective jamais organisée en France : Qui est vraiment Dora Maar ? Les deux commissaires de l’exposition, Karolina Lewandowska et Damarice Amao, répondent à cette question, et proposent une visite vidéo de cet événement, qui fait découvrir tous les volets de la carrière, toutes les facettes, de cette personnalité, une des plus singulières de la première moitié du XXème siècle.
Les deux commissaires annoncent que l’exposition « Dora Maar » est inédite à plusieurs titres : elle réunit exceptionnellement plus de 500 œuvres et documents, dispersés dans le monde entier, et elle propose une nouvelle lecture de la carrière de cette photographe-peintre, muse de Picasso pendant plusieurs années. Les deux commissaires se relayent pour commenter la vie de l’artiste, en montrer les multiples visages et notamment les plus méconnus. Karolina Lewandowska ouvre le parcours en présentant Dora Maar, comme photographe professionnelle et entrepreneuse, elle commente des clichés, des portraits, des publicités, réalisés pour des magazines, et sa technique personnelle, le photomontage qui rencontre un grand succès. Elle s’engage ensuite dans la section consacrée aux engagements politiques de la jeune femme-ses reportages sur la misère sociale dans les années 30, à Barcelone, Paris et à Londres- puis aborde un moment décisif pour l’artiste, sa rencontre avec les surréalistes et la place importante qu’elle va occuper au sein du mouvement. Grâce au photomontage, elle va marquer le courant.
Damarice Amao prend le relais pour évoquer les relations de Dora Maar, avec Picasso, qui ont commencé en 1936, duré près de dix ans, et suscité 500 tableaux et dessins dans l’œuvre du peintre. C’est Dora Maar qui commence à photographier Picasso, puis lui à la peindre, alors qu’elle est surtout connue pour être la mythique muse du célèbre peintre. Cette rencontre va inciter la jeune femme à modifier son rapport à la peinture, et à son tour, se mettre à dessiner et à peindre, ce qu’elle avait envisagé au début de sa carrière. Damarice Amao commente l’évolution de son style, de 1936, à la fin de ses jours : par exemple, des natures mortes très mélancoliques pendant l’Occupation. Elle insiste particulièrement sur les paysages que Dora Maar réalise dans le Lubéron, à Ménerbes dans une maison que lui aurait achetée Picasso. L’artiste y entame un nouveau cycle de sa carrière en tant que peintre où elle s’épanouit dans les paysages abstraits. Mais à partir des années 50, elle va cesser de montrer son travail, après des expositions à Paris et à Londres, et le réserve à un cercle d’intimes et de proches, bien qu’elle continue à peindre tous les jours. La peinture fait vraiment partie de sa vie, et elle retrouve une certaine unité avec la photographie, en faisant des dessins de lumière, exploitant même les négatifs du début de sa carrière. Elle concilie ainsi photographie et peinture à la fin de sa vie.
Béatrice Flammang