« On crée 1248 postes en plus, sans en supprimer ailleurs », annonçait aux syndicats JM Blanquer le 7 avril 2020. Un arrêté publié au JO ce matin annonce seulement 625 créations de postes dans le premier degré. 497 postes de « fainéants » en moins ?
La promesse d’avril 2020
« On crée 1248 postes en plus, sans en supprimer ailleurs. Nous confirmons la priorité donnée à l’école primaire et à la lutte contre les inégalités. C’est un effort considérable de la Nation », déclarait l’entourage du ministre le 7 avril. Ces créations visaient à faire face aux besoins liés au confinement. Ils répondaient aussi à la promesse , faite sur TF1 le 27 mars, de ne pas fermer de classe en zone rurale. Il y avait aussi la promesse de « réétudier l’équilibre entre ouverture et fermeture » en zone urbaine.
Le Journal officiel du 16 juin publie un arrêté qui annonce la création de seulement 625 postes aux concours externes et aux seconds concours internes. Le nombre total de postes créés passe de 10790 à 11415.
Une suite à la promesse présidentielle
Le 8 avril, on s’était réjoui de cette annonce qui mettait enfin le nombre de postes nécessaires en face d’une promesse présidentielle. E Macron avait annoncé vouloir dédoubler les grandes sections de maternelle de l’éducation prioritaire et limiter à 24 élèves toutes les classes de GS, CP et Ce1. Des décisions qui représentent environ 10 000 postes sur 3 ans. Or seulement 440 postes étaient ouverts à la rentrée 2020. Certes on attend 42 500 élèves de moins à cette rentrée dans le premier degré. Mais cela ne libère que l’équivalent de 1600 postes environ. Au total, le ministère n’a donc que 2000 postes disponibles alors qu’il lui en faudrait plus de 3300. Il en manquait 1300. C’était globalement les 1248 postes annoncés le 7 avril.
Promesse non tenue
Finalement cet engagement n’est pas tenu. Et on reste dans le déclin global du recrutement depuis l’arrivée de JM Blanquer. En 2017 le gouvernement précédent avait crée 4211 postes. En 2018, JM Blanquer a ouvert seulement 3680 postes tout en dédoublant les CP et Ce1 de l’éducation prioritaire. En 2019 c’était 2325 emplois. En 2020 on aurait du passer à seulement 440 postes. Finalement ce sera 1065 (au lieu de 1688).
Un second arrêté précise la répartition des 625 postes dont 526 postes mis au concours externe.
Elle confirme la tendance visible en avril dernier. Les créations de postes visent les académies rurales et délaissent les zones urbaines. Ainsi Créteil, Versailles, Lille n’obtiennent aucun poste supplémentaire quand Besançon en a 28, Dijon 27, Nancy Metz 57, Orléans Tours 42 ou Rennes 49. En avril Lille s’était vu promettre 4 postes qui disparaissent. ON avait promis en avril à Créteil 24 postes supplémentaires. Finalement c’est zéro également. Rappelons que dans les académies de Créteil et Versailles il y a 2 fois moins de postes ouverts en 2020 qu’en 2019.
Mise à mal de l’éducation prioritaire
la décision ministérielle confirme la réorientation de la politique scolaire du gouvernement. Elle fait passer les écoles rurales comme une priorité. C’est aussi le sens du rapport Mathiot – Azéma qui demande la suppression des Rep et l’apport des moyens de l’éducation prioritaire en zone rurale. Or rien, ni en terme de niveau scolaire, ni en terme d’égalité sociale ne justifie la priorité donnée au rural. Le handicap du rural existe. Mais il apparait seulement dans l’orientation post bac, à un niveau qui échappe au ministère de l’Education nationale. Sans le dire et le décider, JM Blanquer commence à mettre en pratique la « déprioritarisation » des quartiers populaires.
Un troisième arrêté annonce la création de 700 postes au concours spécial de Créteil et Versailles, soit 500 pour Créteil et 200 pour Versailles. C’est exactement le nombre de postes mis au concours en 2019.
On attend maintenant les justifications ministérielles sur ce qui ressemble pour le moment à une triste manipulation médiatique.
F Jarraud
Arrêté sur les créations de postes
Le chiffre initial donné en 2019