« J’aimerais que les collègues s’emparent de mes manuels et qu’ils deviennent collaboratifs ». Les SES ont la particularité de compter déjà de nombreux manuels scolaires. Outre ceux des éditeurs scolaires habituels, il y a un manuel en ligne proche du Medef, un « contre- manuel » chez un éditeur non scolaire, un manuel développé par la principale association de professeurs, l’Apses. S’y ajoutent maintenant les manuels de 2de et de 1ère écrits par un professeur, Karim Laarabi.
Des manuels pour accompagner mes élèves
Qu’est ce qui peut pousser un enseignant à écrire des manuels scolaires complets ? Professeur de SES depuis une dizaine d’années, Karim Laarabi enseigne au lycée Renaudeau de Cholet. Il publie deux manuels complets de SES pour les programmes de 2de et de 1ère. Ces manuels sont diffusés librement en licence Creative Commons CC0. Ils sont accompagnés de dossiers documentaires.
« Au départ ces manuels accompagnaient les dossiers documentaires que j’utilise en classe. J’ai écrit les manuels pour accompagner mes élèves », nous dit K Laarabi. « Chacun reprend ce qu’on fait en classe ». En fait chaque manuel est assez austère et se présente sous forme d’un cours plutôt qu’un manuel classique.
Fiches méthodes et ouvertures
Pour autant les manuels ont des traits particuliers. « J’ai créé des manuels qui visent à expliquer le cours et aussi à l’approfondir ». Chaque chapitre comprend en plus du cours des ajouts originaux. Par exemple une page vers un livre , qui peut être par exemple une bande dessinée économique. « Ca permet d’illustrer ce qu’on fait. Et aussi d’approfondir le cours pour les élèves qui le souhaitent », nous dit K Laarabi. Il y a aussi des fiches méthodes qui peuvent être des compétences de base, par exemple une fiche sur la mémorisation. « Mes élèves souvent manquent de compétences de base », explique K Laarabi. « Je réutilise ce que j’ai appris en stage et qui peut les aider ». D’autres fiches méthodes renvoient à des méthodes spécifiques aux SES comme la maitrise de l’outil mathématique.
Des manuels pour quel type d’élèves ? « Les élèves en difficulté y trouvent des explications sur les notions de base. Les élèves motivés peuvent aller plus loin », nous dit K Laarabi. « Au départ je les ai fait pour mes élèves qui ont un niveau très hétérogène ».
Des manuels en accord avec les programmes Blanquer
Une dernière particularité des manuels renvoie à un point qui fait débat chez les professeurs de SES et qui explique la multiplication des manuels. Les manuels de K Laarabi font le choix de coller au programme, qui est très contesté par les professeurs de SES. Notamment parce qu’il sépare nettement les disciplines propres aux SES alors que, jusqu’à JM Blanquer, le regard croisé était la règle. Cette rupture disciplinaire a amené l’association majoritaire, l’Apses, à réaliser des outils qui contournent les programmes.
« Je n’ai pas de problème avec le fait que les disciplines soient segmentées si elles s’appuient sur des références à des disciplines universitaires », nous dit K Laarabi. « Ca permet de clarifier les choses. Et ça n’empêche pas de faire des regards croisés qui sont eux aussi au programme ».
Une position qui est celle du groupe d’Eloge des SES, une vision des SES dont K Laarabi se dit proche. Voilà ce groupe doté maintenant de ses manuels scolaires.
François Jarraud