« La pédagogie Freinet dans le second degré c’est compliqué. En langues vivantes c’est encore plus compliqué ». Professeure d’espagnol au lycée d’Eaubonne (95) Cécile Morzadec relève le défi. Avec 3 collègues, Louise Boisdron, professeure d’espagnol à Rennes, Marie Durand, professeure d’anglais à Marseille et Murielle Bouré à Mons-en-Baroeul, elle ouvre un padlet participatif pour échanger des séquences d’enseignement inspirées par la pédagogie Freinet.
Voilà un projet coopératif porté par l’esprit Freinet. Il est né d’une correspondance, en l’occurrence sur une liste de discussion de l’Icem Freinet. Les 4 enseignantes de langues ont décidé de mettre en commun leurs séquences pédagogiques. « On veut lutter contre l’idée de la pédagogie Freinet c’est trop compliqué et que ça n’existe pas en langues vivantes dans le second degré ». Ainsi est né le padlet coopératif qui ne demande qu’à s’ouvrir à d’autres enseignants. Mais qu’est ce qu’une séquence pédagogique Freinet en langues ?
Expression authentique et textes libres
« On propose des textes d’expression authentique », nous dit Cécile Morzadec. « On part des besoins d’expression des élèves, par exemple apparus lors d’un « quoi de neuf », avec l’espoir de les rattacher à un point du programme. Trop souvent les élèves ont une vision ennuyeuse de ce qu’on leur propose. On tente de les raccrocher à un élément de leur vie ».
Le padlet propose aussi des exemples de textes libres , là aussi une technique typiquement Freinet. « Les élèves écrivent un texte sur un sujet de leur choix. Et on le publie ». Une idée reprise par exemple sous forme de journaux de confinement ces dernières semaines.
Et la correspondance ?
La correspondance est une pratique typiquement Freinet et qui semble bien adaptée à l’enseignement des langues. « En fait c’est difficile de la faire entrer dans les projets européens, type Erasmus », nous dit C Morzadec. « On entre dans une contradiction avec la pédagogie de projet où c’est l’enseignant qui organise le projet. Il y a aussi, pour moi qui suis en lycée un problème avec les E3C. Je dois travailler sur les mêmes sujets que mes collègues du moins en 1ère et terminale ».
La pédagogie Freinet c’est compliqué ?
Et nous voilà revenus aux difficultés d’appliquer la pédagogie Freinet dans le 2d degré et en langues. « On ne peut pas avoir une auto organisation de la classe comme dans le 1er degré puisque nous n’en partageons que de rares moments. On peut juste introduire quelques dispositifs. Personnellement j’essaie d’installer une classe coopérative avec un conseil d’élèves mis dans l’emploi du temps. Mais c’est exceptionnel ». Si à Mons en Baroeul, M Bouré peut faire des « quoi de neuf » c’est parce que l’établissement se réclame de Freinet.
A cette contrainte générale s’ajoutent des spécificités liées aux langues. »L’expression libre c’est plus difficile en langue étrangère qu’en français, tout simplement ». Souvent ça se termine par l’appel à un traducteur automatique sans forcément que les élèves s’interrogent sur la traduction. Le plan de travail, autre méthode Freinet, est difficile à mettre en oeuvre avec 2 heures d’espagnol par semaine et des programmes lourds structurés en 8 axes.
Si faire entrer Freinet en classe de langues semble un défi, les 4 enseignantes l’ont relevé. Elles vous invitent à participer à leur padlet et à démontrer que ce qui est compliqué n’est pas impossible. Ca aussi c’est de la pédagogie Freinet ?
François Jarraud
Pour participer à la liste de discussion Freinet langues : secteur.2d@icem-freinet.org