« Il y a un problème de modèle de sortie de confinement… La date du 11 mai est prématurée ». Si Benoit Teste, secrétaire général de la FSU, « ne veut pas être anxiogène », il souligne l’impréparation de la reprise ordonnée par le président. La FSU attend des gestes du gouvernement sur les retraites, la loi de transformation de la fonction publique et un plan de recrutement pour la rentrée. Une prise de position qui anticipe aussi sur la rigueur budgétaire qui se profile.
Une reprise plus modeste qu’annoncée
Avec la réouverture des écoles sur tout le territoire, zone verte ou zone rouge, la Fsu a voulu faire un point et avancer des propositions. Pour elle, il est clair que la reprise arrive trop tôt et manque de préparation.
La reprise est aussi plus modeste que ce que le ministre annonce. JM Blanquer annonce 80 à 85% d’écoles ouvertes. Selon un pointage syndical portant sur 9000 écoles (un cinquième), seulement 70% accueillent des élèves cette semaine. 18% le feront la semaine prochaine. Et pour 12% des écoles aucune date d’ouverture n’est encore connue.
Des difficultés persistantes
La réouverture se passe assez souvent assez mal. La Fsu souligne de nombreux problèmes avec les masques livrés en nombre insuffisant ou inadaptés. Un problème récurrent aussi dans la consultation réalisée par le Café pédagogique le 10 mai, contrairement aux assurances ministérielles. Plus grave, les conseils d’école n’ont été consultés que dans 19% des écoles. Et pour un cinquième de celles-ci le conseil n’a pas validé le plan de réouverture. Il y a des problèmes avec le protocole dans certaines écoles : désinfection et nettoyage impossibles faute de personnel, impossibilité d’établir des entrées et sorties séparées. Plus souvent on applique bien la distanciation mais on n’a pas trouvé de solution pour améliorer les sanitaires…
L’accueil des élèves prioritaires ne pourra pas être maintenu partout, ce qui aura des conséquences en cascade sur les écoles car dans les prioritaires il y a des enfants de personnels municipaux. Didier Bourgoin, secrétaire général du syndicat des territoriaux de la FSU, souligne le cas du 19ème arrondissement parisien où une école ne peut accueillir que 50 enfants pour 150 demandes alors que beaucoup de places sont prises par des prioritaires.
« Nos inquiétudes ne sont pas levées »
Pour la FSU il est clair que la reprise est prématurée. « Nos inquiétudes ne sont pas levées, » dit Benoit Teste, secrétaire général de la FSU. « Cette date du 11 mai, qui n’a pas été corroborée par les scientifiques, est prématurée c’est pourquoi les protocoles sont si exigeants », explique t-il. « Il va y avoir des situations de reprise sur un mode très dégradé »
Pour la FSU, la date de sortie du confinement a été décidée politiquement « sans se demander si la mise en œuvre pouvait suivre ». D’où « le flou » sur les tests et sur les masques. Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp Fsu, souligne « la parole magique » du ministre sur le thème du « tout y ira bien » ou, le 11 mai, du « votre enfant risque moins à l’école qu’à la maison ». Pour elle, ces propos n’alimentent pas la confiance. Les documents « hors sol » envoyés par la Dgesco pour la reprise ne contribuent pas non plus à l’alimenter. « Il n’est pas nécessaire de nous dire qu’il faut veiller aux apprentissages. Il fait nous dire comment organiser l’école sans travaux de groupe. Ou nous dire à quoi va ressembler la maternelle ».
Paroles magiques et confiance
Pour B Teste il faut rétablir la confiance, qui est fortement entamée. Pour cela il faut que le gouvernement « donne des gages ». La FSU attend du gouvernement un retrait plus clair de la réforme des retraites. Il veut aussi que la loi de transformation de la fonction publique soit revue. La crise sanitaire a montré par exemple que les CHSCT doivent être conservés et confortés.
La FSU demande un plan de rattrapage pour la Fonction publique. « L’année va être très particulière. On ca avoir besoin de moyens pour la rentrée de septembre ». « Il faut engager les choses et ouvrir des postes aux concours, faire un collectif budgétaire ». La Fsu a demandé un conseil commun extraordinaire à O Dussopt, secrétaire d’Etat en charge de la fonction publique.
La crise sanitaire a aussi apporté des points positifs soulignés par F Popineau. « La question des inégalités, déjà présente, est devenue incontournable. IL va falloir s’en emparer pour la régler. Les professeurs ont eu des retours positifs des familles et celles-ci ont pris conscience du métier enseignant » Les relations professeurs – familles sortent renforcées.
Le numérique s’est aussi imposé comme un outil. Mais F. Popineau prévient ceux qui attendent des Etats généraux du numérique, organisés par le ministre à l’automne, une mise en selle des tartups. « Ceux qui pensent que l’école numérique va arriver doivent savoir que la période a démontré que le numérique n’est pas suffisant pour les apprentissages ».
F Jarraud