Le programme de français en 1ère 2020-2021 est officiellement paru. Comme la rumeur le laissait entendre depuis plusieurs semaines, l’objet d’étude renouvelé est le théâtre. Œuvres imposées : « Le Malade imaginaire » (parcours Spectacle et comédie) ; « Les Fausses confidences » (parcours Théâtre et stratagème) pour les 1ères générales / « L’île des esclaves » (parcours Maîtres et valets) pour les 1ères technologiques ; « Juste la fin du monde » de Jean-Luc Lagarce (parcours Crise personnelle, crise familiale). Eu égard au contexte actuel et à la charge de travail durant cette année scolaire, beaucoup espéraient et attendaient un moratoire pour l’an prochain : il n’en est rien. Après avoir massivement exprimé leur rejet de programmes rétrogrades, coercitifs, indigestes, après avoir exprimé leur incompréhension face au maintien de l’oral de l’EAF en contexte d’épidémie, les professeur.es de français se trouvent donc à nouveau confronté.es à ce qui est vécu a minima comme un manque de considération pour leur travail et celui des élèves. Florilège de réactions en ligne …
« Honteux de changer le programme au bout d’un an seulement ! Seuls les profs de français se coltinent ces changements annuels. J’aurais dû faire prof de maths. » « Non contents de nous priver de notre liberté pédagogique, qui était notre seul espace de créativité, ils renouvellent le programme au quart alors que personne n’aura fini le programme. Voilà de quoi achever le peu de motivation qui me restait pour finir la séquence théâtre. » « J’ai des élèves de seconde que j’essaie d’entraîner à la dissertation et à la contraction/essai depuis le début du confinement mais tous ne peuvent pas travailler dans de bonnes conditions Voir un nouveau programme tomber en ce moment alors qu’on a l’impression d’étouffer passe mal. » « Vu le retard nécessairement pris par les 2ndes et donc beaucoup de choses à revoir, notamment le commentaire et la dissertation, il faudrait exiger pour l’an prochain 3 œuvres et le seul programme de grammaire des 1ères. J’aimerais tellement que l’inspection prenne l’initiative de l’exiger auprès des autorités compétentes. Rêvons un peu… » « A mon sens, il eût fallu anticiper dès aujourd’hui une année scolaire 2020-2021 très perturbée sur au moins 1 ou 2 trimestres. Ne pourrait-on pas arrêter de faire semblant et prendre les problèmes à bras le corps ? Ça me fatigue. »
« « Ceux qui auront réchappé du Covid mourront d’ennui. Again. » « En regardant les programmes d’agrégation des années précédentes, on pourrait créer un bingo du programme de lycée des années suivantes. » « Après « Phèdre » : Passion et tragédie, « Le Malade imaginaire » : Spectacle et comédie ? Pourquoi pas « Madame Bovary » personnage féminin et roman, ou « Les Amours de Ronsard » : sonnet et amour ? Et « L’Ile des esclaves » : maitres et valets ? Je propose « Les Travailleurs de la mer » : marins et jeunes femmes ou « Les Caractères » : psychologie et vie de cour. A force de faire de l’enseignement tautologique à ce point on va bien finir par se mordre la queue. Laissez-nous au moins (au moins !) inventer des problématiques intéressantes, qui intriguent un peu, qui déclenchent une forme de réflexion, une envie de recherche, histoire que nos élèves gardent d’autres souvenirs du français que de longs cours ennuyeux. » « Enfermer Lagarce dans un parcours « crise personnelle, crise familiale » ça fait peur. Ils ont lu le résumé ou juste vu le film de Dolan pour le classer ainsi ? C’est affligeant. » « Toujours autant de femmes au programme ! » « Et toujours ce soin de faire figurer des autrices & de casser les représentations patriarcales. Lagarce ? Mais ça ne doit plus en pouvoir en haut lieu : vu qu’il est mort il y a 25 ans seulement, on doit se penser au pinacle de l’audace d’avoir « osé » un auteur aussi contemporain. »
« Ignoble. Dégueulasse. Qui peut sérieusement envisager de rire des médecins en cette période ? J’ai une nausée réelle, profonde. On continue à se laisser humilier comme ça ? » « Les titres des œuvres théâtrales à l’étude l’an prochain sont bien en accord avec le discours de nos gouvernants. Acte 1 « Le malade imaginaire » : le covid ne viendra jamais en France ! Acte 2 « Les fausses confidences » : ne mettez pas de masques, ça ne sert à rien ! (en fait si mais y en a pas assez). Acte 3 « Juste la fin du monde » : le covid est là, vous ne vivrez jamais plus comme avant et il faudra apprendre faire avec ! Quelle inventivité, quel sarcasme… » « C’est considérer la profession comme une île des esclaves ! »