Bernard Blistène, directeur du Musée national d’art moderne et commissaire de l’exposition « Christian Boltanski » en propose une visite vidéo. Suivant un parcours labyrinthique, cette grande rétrospective revient sur la vie et l’œuvre d’un des principaux artistes contemporains français, à la fois plasticien, photographe, sculpteur et cinéaste. Conçue par Boltanski lui-même comme une vaste déambulation au cœur de son œuvre, cette exposition se veut une suite de séquences marquant les étapes et les métamorphoses de ses méditations sur la vie et la mort.
L’exposition, « Boltanski. Faire son temps », ce qui signifie fabriquer son existence, est conçue comme un chemin, avec un départ et une arrivée, à l’image de la traversée de la vie. Bernard Blistène présente cette rétrospective, la deuxième, que le Centre Pompidou consacre à Christian Boltanski : elle fait le point sur 50 ans de travail, sur ses réflexions concernant le genre humain, son histoire, sa destinée face à la réalité du monde tel qu’il le vit. Le commissaire débute le parcours par les travaux sur la photographie en noir et blanc menés par l’artiste dans les années 60, des images d’enfants re-photographiées. Il passe ensuite dans une salle sombre consacrée au théâtre d’ombres réalisé dans les années 80, où les innombrables petits pantins créés par Boltanski lui-même, s’agitent sur les murs et relatent son goût pour les effets merveilleux, mais l’idée de la mort et de la disparition est déjà là. Elle va prendre corps dans les compositions suivantes, que Bernard Blistène commente au fil de sa déambulation : « Les miroirs aveugles », « Les portraits », « Les Regards », ces grands voiles blancs où des visages anonymes surgissant comme des fantômes, parlent, puis les boîtes en métal rouillées empilées les unes sur les autres, correspondant aux « Suisses morts en réserve ». Le voyage se poursuit en terre inconnue, et Bernard Blistène arrive en Patagonie, où Christian Boltanski inspiré par le squelette d’une baleine a conçu « Misterios », de grandes trompes surprenantes censées faire entendre le langage des baleines quand le vent s’engouffre dedans, une œuvre qui rappelle les temps mythologiques où les hommes voulaient dialoguer avec les animaux. La visite se clôt sur l’installation d’un grand terril noir fait de vêtements, entouré d’images anonymes de mineurs, de travailleurs qui appartiennent au passé et qui sont tombés dans l’oubli, chaque individu unique disparait dans la nuit des temps. Cette visite commentée par Bernard Blistène réussi à faire passer le message que Christian Boltanski voulait transmettre : pour l’artiste, ses expositions sont des œuvres d’art en tant que telles.
Béatrice Flammang