Comment enseigner à distance à 240 élèves de 3 niveaux différents tout en veillant à ce que chacun y trouve son compte ? Professeur d’anglais au collège de l’Europe à Bourg de Péage (Drôme), Lee Cook propose aux élèves des défis qu’ils relèvent à leur rythme. Des défis qui peuvent être relevés par tous parce que faisables sur smartphone et adaptés à des niveaux différents.
Trois défis pour les élèves
« La crise sanitaire m’a permis d’imaginer la classe autrement ». Comme tout le monde, Lee Cook trouve le temps long durant le confinement. Mais on verra qu’il retire aussi du positif de ce moment particulier qui l’a obligé à trouver des solutions pour faire cours à distance à ses 240 élèves. « Il me fallait une solution permettant de mettre au travail tous les élèves tout en diversifiant les contenus et en laissant du temps aux élèves ».
La solution consiste en 3 « challenges » adressés aux élèves par Pronotes. Des défis sympathiques. Dans l’un le chien du professeur tient le rôle principal. Dans un autre il est question de reggae et le troisième parle de cuisine.
« Chaque défi fait travailler toutes les compétences », souligne Lee Cook, même si telle ou telle compétence domine. « Chaque défi enchaine des exercices avec une tache finale : ça ressemble à un cours ». Mais un cours que l’élève prend dans le sens qu’il souhaite et au rythme qu’il veut. Il peut passer plus de temps sur tel ou tel aspect.
Ainsi dans le « Pet Challenge » les élèves doivent faire un exercice de compréhension orale via un formulaire Google, puis des activités lexicales sous quizlet ou une activité grammaticale avec là aussi un formulaire Google. Ils enchainent avec une activité de compréhension écrite puis au choix une activité de vocabulaire o de compréhension orale. La tâche finale consiste en la réalisation d’une vidéo sur son animal préféré.
S’appuyer sur le smartphone
« Ils peuvent cheminer librement » dit Lee Cook. Mais les formulaires Google permettent de savoir qui a fait l’exercice et de détecter les décrocheurs. « Avec ces défis on peut proposer davantage de liberté que dans un cours classique », dit Lee Cook.
Point important, chaque challenge peut être fait sur smartphone. « Tous les élève sont un smartphone alors que tous n’ont pas accès à un ordinateur. Beaucoup ne savent pas se servir d’un ordinateur d’ailleurs. Dès le départ je me suis dit qu’il fallait que je fasse appel à l’outil numérique qu’ils ont tous ».
Une expérience positive
Finalement, Lee Cook trouve des avantages à la période inédite de fermeture des écoles. « Il a fallu apprendre à gérer les apprentissages autrement. On voit bien les limites de cet enseignement à distance. Mais il permet aussi aux élèves qui ont du mal à suivre le rythme d’un cours normal de prendre le temps nécessaire pour faire le travail. Quant la crise sera terminée il faudra voir si l’on ne peut pas garder du télétravail pour ces jeunes en difficulté ».
Et puis , si la période isole, elle rapproche aussi parfois. « Sur le plan humain, j’ai pu discuter au téléphone avec des élèves avec qui je n’avais jamais parlé faute de temps au collège », dit Lee Cook. Retrouver du temps, personnaliser les rythmes d’apprentissage, nouer davantage de relations. « Il y a du bénéfique aussi à retirer de cette expérience ».
François Jarraud