C’est l’ébullition chez les syndicats de l’éducation belges. Pour la seconde fois le bruit d’une réduction des congés d’été circule dans le pays avec un accueil positif des responsables politiques. Cette idée circule aussi en France où elle pourrait prendre de la vigueur si la réouverture des écoles ne tourne pas à la catastrophe.
Le ministre flamand de l’éducation , Ben Weyts, propose de prolonger l’année scolaire cet été pour rattraper le temps de la fermeture des écoles. Cette proposition a tout de suite été soutenue par des experts de l’OCDE. Elle n’a pas été exclue par le ministre de l’éducation de la Belgique francophone.
Diminuer les congés d’été faciliterait la reprise économique. Alors que le PIB s’est effondré du fait du confinement général (-8% officiellement en France mais peut-être -12% si l’on en croit l’Insee), la reprise économique va se heurter aux congés d’été. A peine rentrés, le stravailleurs seront amenés à partir en congés et les entreprises à fermer.
En France, la loi d’urgence a anticipé cette situation. Elle autorise les entreprises à imposer 60 heures de travail hebdomadaire et à déplacer librement dans la limite de 2 semaines les congés des salariés. Mais permettre l’ouverture des entreprises ne suffit pas. Les salariés vont se heurter à la question de la garde des enfants, d’autant qu’ils hésiteront à les confier aux grands parents. D’où la suggestion de maintenir les écoles ouvertes durant l’été, officiellement pour rattraper le niveau scolaire, en fait pour regagner des points de PIB perdus.
Bien loin d’être une idée belge, ce projet circule aussi en France. Le 21 avril, le député LR Frédéric Reiss a sollicité JM Blanquer en ce sens, lui demandant s’il envisage de diminuer les congés d’été. JM Blanquer n’a pas validé la proposition, estimant qu’il « n’est pas souhaitable de mordre sur les vacances d’été »
En Belgique, les propos du ministre flamand ont déclenché une salve des syndicats francophones. « C’est avec effarement que nous constatons que l’idée de mettre les enseignants au travail durant les vacances d’été fait son bout de chemin », répondent 5 syndicats belges. « Cette idée… a pour objectif de rattraper le retard économique dû à la crise sanitaire en permettant aux travailleurs d’être au summum de leur productivité sans avoir à se soucier de la garde de leurs enfant… Le scénario dont il est question ici dénaturerait la notion même de services publics. Si l’économie de marché s’obstine à rechercher la rentabilité absolue, les services publics permettent à chacun d’avoir accès à des services essentiels à leur bien-être. Nous nous élevons contre l’instrumentalisation des services publics à des fins productivistes! ». Les syndicats belges refusent l’idée de la prolongation de l’année scolaire. La question est –elle pour autant enterrée ?
François Jarraud