Dans un second texte envoyé à des correspondants, curieusement non publié sur son blog, Alain Bouvier revient sur la crise sanitaire et ses effets. Evoquant l’Ecole d’après, il annonce un enseignement en présentiel et à distance plus individualisé et des enseignants coachs sous la surveillance des parents.
Relevant une « implication très inégale » des enseignants dans l’enseignement à distance, il critique les syndicats qui « ont eu tord de dire que le soutien scolaire ne peut pas se faire à distance. Ce propos irresponsable ouvre encore plus les portes aux officines privées qui s’en repaissent et elles se font un plaisir d’assurer le service (moyennant finance, bien sûr !). Elles n’avaient pas besoin d’être ainsi aidées ! ». Bien au contraire, « de façon paradoxale, on peut dire que le travail à distance a rapproché les élèves et les parents des professeurs, CPE et surveillants, même si les marges de progrès possibles sont considérables. Cette situation oblige les uns et les autres à mieux se comprendre… Les enseignants se sont donc rapprochés de leurs élèves. Ils n’avaient jamais eu d’occasion aussi massive de les voir travailler individuellement. Ils peuvent ainsi discerner l’origine de leurs difficultés masquées par la classe et constater la grande diversité qui existe entre eux, dissimulée par les mêmes exercices donnés à tous et souvent corrigés pour mettre une note », croit-il.
Il en tire la conclusion que » L’école vient de mettre un pied dans les maisons ; la réciproque devra venir ». Cette Ecole d’après devrait voir la classe disparaitre. « Ce qui me semble incontournable et essentiel dans l’école à construire, c’est une pratique généralisée du suivi individualisé des élèves, en présentiel et à distance, avec la pratique d’une pédagogie de l’encouragement et de l’accompagnement. En veillant que la classe fasse aussi travailler plus individuellement les élèves et enfin que les parents soient parties prenantes dans ces évolutions. Et si la classe, évident lieu de socialisation, était aussi un obstacle aux apprentissages individuels ? Cette question iconoclaste mérite d’être posée », écrit-il. » Cela amorce une évolution salutaire du métier d’enseignant, socialement plus valorisante, allant vers une autre place dans la société.. Cela suppose (ce sera presque une première) que les parents soient informés par chaque enseignant des raisons qui étayent ses choix pédagogiques ».