« Si le controle continu remplace l’examen final, j’aurai passé des dizaines d’heures de travail pour rien ». C’est qu’à coté des lycées où on court après les élèves et où les enseignants n’avancent pas dans leur programme, il y a ceux qui continuent à boucler le programme. Le lycée Clémence Royer de Fonsorbes, dans la banlieue favorisée de Toulouse, est de ceux-ci. Yann Bouvier a développé pour ces élèves un site où il partage ses documents de travail qui préparent efficacement les élèves au bac.
Une mine d’or pour les profs d’histoire-géo
C’est un site repéré par de nombreux professeurs d’histoire-géographie qui viennent y puiser pour la « continuité pédagogique ». Yann Bouvier y publie les documents pédagogiques nécessaires à ses élèves et le travail qu’il demande.
Cette semaine ses secondes travaillent sur la société d’ordre. Les élèves ont des consignes pour leur prise de notes. Ils doivent rédiger deux paragraphes synthétiques à partir de deux dossiers documentaires chacun. Pou rcela les consignes sont très précises. Yann Bouvier fait repérer les mots clés du vocabulaire à utiliser dans les paragraphes. Les dossiers (des doubles pages) portent sur l’amélioration de la condition paysanne au XVIIIème, la croissance urbaine, la bourgeoisie urbaine par exemple. Les élèves se retrouvent dans la situation de la classe, avec l’assistance du professeur à travers une vidéo explicitant ses attentes, et un travail à faire qui les prépare aux épreuves du bac. Ils disposent aussi d’une grille très précise d’auto évaluation. Avec tout cela, impossible d’échapper au travail scolaire ou de se limiter à un travail superficiel. Ou alors il faudrait fermer l’ordinateur…
Le maintien d’un haut niveau de préparation durant le confinement
« Mes élèves se servaient déjà de mon site avant la fermeture du lycée », explique Yann Bouvier. Mais depuis le confinement il a ouvert le site à tous et fait bénéficier les autres enseignants de son travail.
Chaque semaine les élèves reçoivent via Pronotes le travail à faire. Comme la moitié des élèves n’y ont pas accès , chaque classe a ouvert un groupe Whatsapp . « Tous les élèves ou presque sont dessus et je peux les toucher », explique Y Bouvier. Sur 165 élèves seuls 3 ne rendent pas les travaux.
Le travail des élèves remonte par Pronotes où un QCM noté les attend. « Ca me permet de voir ceux qui ne rendent pas le travail et de les contacter », explique Y Bouvier. L’évaluation continue elle aussi durant le confinement. En fait la machine scolaire ne s’est pas arrêtée. « Ca me prend un temps fou pour faire tout cela. C’est la continuité pédagogique de ma fille qui en souffre », dit Yann.
Victime du contrôle continu
Comme d’autres enseignants, il a vécu l’alternance des injonctions depuis le début de la crise. D’abord les parents qui attendent le maintien d’une forme scolaire compétitive particulièrement en terminale. Mais aussi l’institution poussant à maintenir des cours normaux puis appelant à diminuer la pression. La crise le pousse à être plus perfectionniste.
« Pour les terminales le fonctionnement classique est justifiée par le bac », rappelle Y Bouvier. Il prépare les élèves aux épreuves bac dès la seconde puisque l’examen commence au 2d trimestre de première avec les E3C.
Dans son lycée on n’attend pas avec plaisir l’annonce d’un bac au contrôle continu. « Si on remplace l’épreuve par le contrôle continu qu’allons nous faire », explique Yann Bouvier ? « Si les élèves savent qu’il n’y a plus d’épreuve du bac ils ne vont plus travailler ». Les meilleurs lycées ont aussi leur revers.
François Jarraud