Covid-19
Quand pourra t-on rouvrir les écoles ?
JM Blanquer devrait faire connaitre en fin de semaine sa décision pour le bac. Ce sera un première indication sur la réouverture des écoles. Or celle-ci ne peut être prise qu’après avoir trouvé une réponse aux nombreux défis sanitaires, sociaux, économiques que pose l’épidémie. Loin d’être secondaire, la fermeture des écoles tient une position centrale dans la lutte contre la maladie. La décider a été très difficile. Ordonner la réouverture l’est encore plus…
Quelle « continuité pédagogique » en Rep ?
La continuité pédagogique ? Pas simple à mettre en œuvre, tous les enseignants le confirment et ce, malgré toutes les affirmations de la rue de Grenelle. Enseigner, c’est faire classe, c’est être face aux élèves. Alors depuis plus de deux semaines, les enseignants se démènent pour maintenir le lien. Et là, comme à l’école, les inégalités sont flagrantes. Enseigner en éducation prioritaire, ou à un public défavorisé, ce n’est pas la même chose que d’enseigner à des enfants dont les parents comprennent et ont fait leurs les codes de l’école. Alors les enseignants d’éducation prioritaire mettent en place des stratégies pour ne pas rompre le lien. Petit tour d’horizon en Seine Saint Denis, de Montreuil à Saint Denis mais aussi en Guyane où près d’un habitant sur deux vit sous le seuil de pauvreté.
Décrochage en lycée pro : Des profs témoignent
Albert, Aïssam, Adrien, Jean Christophe et Aline enseignent en lycée professionnel. Que cela soit en CAP ou bac professionnel, tous reconnaissent ne toucher depuis la fermeture des lycées qu’une minorité de leurs élèves. Alors quand on parle de continuité pédagogique, Alice raille un peu le concept. «On est dans la continuité pour le coup, j’ai seulement des retours d’un quart de mes élèves, un peu comme en classe… Il y a donc continuité, nos décrocheurs habituels sont les mêmes en effet… ». Les téléphones portables sont les meilleurs amis de ces profs. Communiquer avec leurs élèves est la priorité, alors WhatsApp, Skype, Facetime deviennent leurs outils de travails privilégiés. Réactivité, système D comme débrouille, voilà qui décrit bien ces enseignants qui se battent pour ne pas perdre le lien, déjà ténu, avec leurs élèves.
Blanquer : La fermeture des écoles n’a plus de date limite
La réouverture des écoles c’est pour mai, juin ou septembre ? Après avoir annoncé la réouverture des écoles à différentes dates, le ministre opte le 30 mars sur Europe 1 pour une position plus réaliste : la date de la réouverture lui échappe. Ce qui ne l’empêche pas de parler du bac. Il annonce ne pas dévier de la revalorisation, ce qui réveille le spectre de la réforme des retraites…
Terra Nova : L’urgence du débat sur la sortie de crise
« Du déni initial à la culpabilisation d’une indiscipline désignée comme criminelle, de la volonté de rassurer à la déclaration de guerre, de la sacralisation du discours scientifique à la revendication de la dimension politique de la décision : ces allées et venues du discours public augurent mal des conditions futures de la prise de décision et de sa transparence », écrivent Blanche Vu et Martin Andler dans une étude sur la crise sanitaire. S’ils n’insistent pas sur les responsabilités gouvernementales dans la gestion de la crise , ils demandent que soit mis en débat sans tarder la sortie de la crise sanitaire. « Les choix qui s’annoncent impliqueront un discernement dont les modèles épidémiologiques ne seront qu’une simple composante. Quels seront les polarités, les alternatives à examiner, quelles valeurs seront en jeu ? Il est urgent que les cadres de raisonnement soient partagés. La qualité de la décision et surtout sa légitimité en seront accrus. Les difficultés rencontrées en février liées à la sidération et à l’urgence , ne seront plus excusables en avril ».
« Vacances apprenantes « : Soutien scolaire pour une partie des élèvs
« On lance l’opération « Vacances apprenantes » , a annoncé JM BLanquer sur Cnews le 31 mars. Le ministre est revenu sur ce sujet dans un message vidéo envoyé aux enseignants. « Vacances apprenantes » prendra la forme d’un maximum de 6 heures se soutien scolaire durant les vacances de printemps.
La FCPE demande l’arrêt des notes et des progressions
« Si l’on en croit M. Le ministre de l’Education nationale, tout est sous contrôle. Tout le monde a trouvé son « rythme de croisière » sur la plateforme Ma classe à la maison, les jeunes de Terminale pourront passer leur bac d’ici la fin du mois de juin, les élèves rattraperont leurs retards d’apprentissage cet été grâce à des modules gratuits… Mais M. Blanquer, si vous arrêtiez de faire semblant ? », demande la Fcpe , première association de parents d’élèves. « Semblant de maîtriser une situation imprévisible, ou à tout le moins imprévue, semblant de faire comme si la continuité pédagogique fonctionnait, semblant de penser que plus de 90 % des élèves n’ont pas « décroché »… » La FCPE demande « la suspension immédiate de Parcoursup ; l’arrêt des notes données aux élèves en cette période de confinement ; l’allégement des travaux à réaliser à la maison ; la garantie d’une reprise des cours là où les enseignants les avaient arrêtés le 16 mars dernier et la garantie que les diplômes des élèves ne prendront en compte que les notes obtenues en présentiel. » Des mesures susceptibles de diminuer la montée fulgurante des inégalités dans le système éducatif.
Le bac
Blanquer : Reconquête du mois de juin, contrôle continu intégral et déjà dérapage
Mis à jour à 21h45- Va-t-on vendre le bac plutôt que le donner ? Après l’intervention du premier ministre le 2 avril, JM Blanquer a annoncé ses décisions pour les examens et la fin de l’année. Le ministre veut « reconquérir le mois de juin », un vieil objectif de son ministère. Les cours auront lieu jusqu’au 4 juillet à tous les niveaux, sauf si le confinement était maintenu. L’assiduité des élèves sera évaluée pour le bac et le brevet. Pour ces examens le ministre impose un contrôle continu intégral, sauf en français où un oral sera maintenu si cela est possible. Jusque là on était dans les clous. Mais si cet article en est à sa 4ème rédaction en 24 heures (du jamais vu!) c’est que le ministère change d’avis sur des points importants dans la journée. Et dérape ce soir : le ministère accepte finalement l’idée que les candidats libres puissent passer le bac en juin sur la base de leur livret scolaire. Et ça c’est permettre simplement d’acheter le bac…
Le bac 2020 aura lieu au contrôle continu
Finalement Edouard Philippe n’a pas laissé Jean-Michel Blanquer annoncer les épreuves du bac 2020. Le premier ministre a annoncé lui-même sur TF1 l’annulation des épreuves habituelles du bac et son remplacement par le contrôle continu intégral ou quasi intégral. Il a également laissé planer le doute sur la réouverture des écoles d’ici la fin de l’année scolaire. JM Blanquer donnera les détails de l’organisation de l’examen le 3 avril à 11 heures.
Les limites du bac au contrôle continu
La question du bac était en suspens au moment où l’épidémie est venue vider les lycées. S’il est clair que les circonstances exceptionnelles liées à la pandémie ne laissent guère d’autre choix que de miser sur le contrôle continu, la décision du premier ministre va-t-elle anticiper sur l’avenir du bac ? Le ministre et le gouvernement penchent vers un bac au contrôle continu. Or, s’il a des avantages, le bac au contrôle continu a aussi ses inconvénients…
Examens et concours : Une ordonnance et des attentes
Le bac sera-t-il maintenu en 2020 et sous quelle forme ? JM Blanquer a promis le 27 mars que le bac aurait bien lieu mais sans préciser sous quelle forme. Il devrait le faire à la fin de cette semaine. Une ordonnance publiée le 28 mars donne au ministre toute latitude pour changer les règles de l’examen.
Politique ministérielle
Carte scolaire : Les improbables promesses de JM Blanquer
Intervenant le 27 mars sur TF1, JM Blanquer a promis qu’il n’y aurait pas de fermeture de classe en zone rurale à la rentrée dans le premier degré sans l’accord du maire. Ailleurs les fermetures seront « réétudiées ». Cette communication, qui est peut-être une fausse annonce, se heurte pourtant à la réalité des engagements antérieurs, du nombre de postes ouverts et des écoles où des classes sont menacées de fermeture. Elle intervient alors que dans les départements, les Dasen sont en train de supprimer des postes. Elle pourrait bien au final se retourner contre les Rased et les écoles Rep.
Alain Bouvier : L’école doit se préparer à des changements
« Après la crise peu de choses reviendront comme avant… Il faut se préparer à des changements dans nos pratiques sociales et pédagogiques, encore difficiles à imaginer ; pourtant il y a urgence », écrit Alain Bouvier dans un nouveau texte. Poursuivant la réflexion entamée sur Le Café pédagogique, il estime que « d’un point de vue pédagogique, pour beaucoup d’élèves et de parents, le simple retour au tout présentiel sera vécu comme une régression… Durant cette période, des élèves (mais pas tous) auront découvert l’autonomie et sans doute des formes de travail coopératif entre eux… Les parents, comme quasi-enseignants vacataires auront assuré des responsabilités inhabituelles, très pédagogiques, dont ils ne voudront plus s’écarter, au moins pour les plus éduqués d’entre eux. La coéducation va devoir progresser. Il est vrai qu’elle part de très bas ! Le marché scolaire poursuivra son offensive car il aura gagné en expérience, en crédibilité et en puissance financière. Après une très forte individualisation des apprentissages, le modèle scolaire est donc interrogé ». Pour lui, « malgré le risque d’augmenter la diversité des situations, ce sont des système hybrides autour de chaque école et de chaque établissement qui sont, très vite, à concevoir, à mettre en place et à tester, afin que les professionnels de l’Éducation ne laissent pas le marché décider en creux pour eux ».
Bac : Des écarts régionaux importants
« Avec 759 100 candidats et 668 300 bacheliers, le taux de réussite atteint 88,0 % à la session 2019 : 91,1 % en général, 88,0 % en technologique et 82,4 % en professionnel. Il est stable dans la voie générale et diminue dans les voies technologique et professionnelle… Avec 80,0 %, la proportion de bacheliers dans une génération diminue de 0,9 point à la session 2019 », note la Depp dans une Note qui publie, sans surprise, les résultats définitifs du bac 2019. La Note apporte par contre deux éclairages. D’abord sur les mentions en enseignement professionnel en montrant le poids de l’épreuve pratique professionnelle. Au contraire l’épreuve de français – histoire-géo joue en défaveur des candidats. Maison retiendra surtout les écarts régionaux dans l’accès au bac. « L’espérance d’obtenir le baccalauréat pour un élève de sixième sous statut scolaire est la plus forte dans les académies d’Ile-de-France, de Guadeloupe, de Martinique, de Rennes et de Toulouse », note la Depp. Inversement elle est faible en Picardie, Bougogne, Franche Comté et Poitou Charentes. On sait depuis la publication de « Refus et refusés d’école » que cette inégalité peut être construite par le système éducatif lui-même.
Stagiaires, candidats aux concours : Les Inspe prêtes à revoir les modalités
Dans la situation de confinement comment suivre les professeurs stagiaires ? Comment réorganiser les concours ? Selon Mario Cottron, Ludovic Morge et Alain Frugière, vice présidents du réseau des Inspe, le réseau des Inspe se prépare à des ajustements et souhaite en discuter avec les ministères et les universités. Il souhaite aussi des délais pour adapter les Inspe à la réforme de la formation des enseignants. C’était le message porté lors d’une conférence de presse à distance. Une sorte de classe virtuelle…
Le Snuipp demande l’annulation de « la dette scolaire »
« On demande que le ministre fasse en métropole ce qu’il a fait outre –mer : annuler les rendus de poste des départements ». Selon Francette Popineau, co-secrétaire générale du Snuipp Fsu, les Dasen ont reçu instruction de rendre des postes pour la préparation de la rentrée. Pour le syndicat ce sont 710 postes qui sont ainsi repris dans les départements. Alors que le ministre annonce qu’aucune fermeture de classe n’aura lieu en zone rurale sans l’accord du maire et de revoir les fermetures en zone urbaine, le Snuipp le prend au mot. En arrière plan, on devine le manque de moyens pour préparer la rentrée et appliquer les instructions d’E Macron. Maintenir la situation en l’état permet de voir venir.
Métier enseignant
Nouveau métier enseignant : Blanquer repousse la demande de la Cour des Comptes
Saisi par la Cour des comptes par un référé qui vise, à travers le statut des PLP, celui des certifiés, JM Blanquer ne va pas aller dans le sens attendu par la Cour. C’est ce que montre sa réponse rendue publique par la Cour. Le ministre « partage l’objectif d’efficience » de la Cour mais trouve des arguments pour faire du sur place… Un point intéressant alors que JM Blanquer, avant la crise sanitaire, voulait créer un « nouveau métier enseignant ». Mais depuis le 11 mars tout a changé…
Indemnités des enseignants à l’étranger
Trois arrêtés publiés au JO du 29 mars modifient les taux de l’indemnité d’expatriation, de celle de condition de vie et de celle d’avantage familial.
Numérique
Bruno Devauchelle : Chronique d’un confinement 3 : Dépasser les inégalités
« Les fameux « absents à distance » ne le sont pas uniquement par manque de connexion, ou par manque de compétence de travail à la maison, mais ils sont aussi absents, entre autres, parce que l’école ne leur apporte pas ce qui leur permettrait de s’y sentir à leur place et de pouvoir en faire un levier pour leur propre développement ». Dans ce 3ème épisode de sa chronique, Bruno Devauchelle revient sur la question des inégalités face à l’enseignement à distance.
Pas de révolution numérique pour Benoit Galand
« Le numérique n’apparaît en soi ni meilleur ni pire qu’un autre outil ou support pour l’apprentissage, et former davantage les enseignants à son usage n’y changera rien », écrit Benoit Galand dans un nouveau Cahier du Girsef (Université catholique de Louvain). « Une étude comparative réalisée par de l’OCDE en 2015 sur la base des résultats aux tests PISA montre d’ailleurs que les systèmes scolaires qui ont le plus investi dans le numérique sont ceux où les élèves progressent le moins », rappelle t-il. « Certains employeurs disent avoir besoin de programmeurs, mais est-ce pour cela que l’on doit enseigner le codage à l’école ? Des besoins existent aussi dans de nombreux autres secteurs, comme par exemple les soins de santé ou l’enseignement. Est-ce pour cela que l’on réclame de former les élèves au secourisme ou à la pédagogie dès la maternelle ? » Pour lui, « si le numérique n’a pas plus qu’un autre média le potentiel de révolutionner les apprentissages, sa promotion intense – voire son imposition – dans les écoles pourraient avoir des effets disruptifs importants sur l’éducation en général : (a) en aggravant la crise climatique et environnementale… ; (b) en renforçant la croyance que l’effort d’apprendre les savoirs n’est plus nécessaire puisqu’ils sont disponibles partout et tout le temps via Internet, ce qui risque d’entraîner un appauvrissement culturel et un renforcement des inégalités (les enfants issus de familles défavorisées ont davantage besoin de l’école pour développer leurs savoirs ; et (c) en véhiculant le mythe que les enseignants pourraient être remplacés par des machines, ce qui pourrait avoir pour effet une dévalorisation de la profession enseignante ».
Bruno Devauchelle : Chronique d’un confinement : deuxième semaine
Le scénario était facile à prévoir : annonces ministérielles, ruée sur les solutions miracles, bugs en série, puis propositions de toutes origines, commentaires et récriminations en tous genres, bref un beau bazar ! Arrivée en deuxième semaine se pose bien sûr la question de l’installation dans le temps de cette situation. Si les errements de la première semaine s’estompent, malgré le volontarisme et l’enthousiasme initial, on assiste d’une part à une amélioration (augmentation parfois) des propositions faites par les enseignants et les éducateurs qui semble inversement proportionnelle à l’envie de les utiliser. Entre ceux qui veulent en faire trop, ceux qui veulent simplement accompagner, ceux qui oublient de « scénariser » les activités, ceux qui font du copier-coller de la classe habituelle, ceux qui ne font rien, là encore on a déjà tout vu, mais surtout des questions se multiplient et des peurs et des angoisses se propagent. L’incroyable propos d’une porte-parole du gouvernement est peut-être, outre un lapsus révélateur, la preuve d’une « panique d’état ».