Comment raccrocher tous les élèves en lycée professionnel durant cette période de fermeture des lycées ? Nathalie Coudoré, professeure d’anglais au lycée professionnel François Camel de Saint-Girons (Ariège) mise sur le smartphone des élèves. C’est le seul lien qui lui permet de toucher tous les élèves. Une application de sa création les aide à s’entrainer et à ne pas perdre pied.
Comment garder le contact ?
« C’est un moment difficile. En lycée professionnel, la relation humaine compte beaucoup. On est dans l’affectif et c’est aussi pour cela qu’on fait ce métier ». Alors qu’en lycée professionnel il n’est pas rare d’avoir déjà un tiers ou la moitié des élèves perdus de vue, Nathalie Coudoré réussit à joindre et à échanger en anglais avec tous ses élèves de 2de et de terminale.
Le lycée François Camel prépare aux bacs pro hotellerie – restauration et soins à la personne. Les élèves viennent de tout le département, souvent de zones rurales. Mais le recrutement est celui de tous les L.P. : des jeunes de condition modeste, souvent avec des parcours scolaires difficiles.
« Au moment de la fermeture du lycée je me suis demandé ce que je pouvais faire pour garder le contact avec mes élèves », explique Nathalie. « Durant le premier week end de confinement j’ai réalisé mon application ».
Une application pour le cours d’anglais
En utilisant Glide App, N Coudoré a construit un outil que chaque élève peut installer sur son portable et qui matérialise le lien avec le professeur. « Peu d’élèves ont un équipement informatique permettant de travailler à distance », rappelle Nathalie. « Ils n’ont pas d’imprimante ou partagent l’ordinateur, quand il y en a un, avec le reste de la famille. Impossible de leur donner des rendez vous en direct. D’autant qu’en zone rural le débit est souvent insuffisant ». A cela s’ajoute le manque de compétence de nombreux élèves dans le maniement de l’outil informatique.
Alors l’application fait l’affaire. « Je leur donne des missions comme interviewer un membre de la famille en anglais ou décrire sa maison. Je leur propose des défis culinaires. Je les oriente vers d’autres applications disponibles pour s’enregistrer ou pour travailler la compréhension orale avec un site qui parle plus ou moins rapidement. Ils ont aussi accès à des textes de niveau de difficulté ajustable ou encore à des jeux.
« Comme en classe je valorise, j’encourage », explique t-elle. « Je sais que certains sont dans un contexte très difficile ». Pas question dans cette situation d’évaluer les élèves. Nathalie enregistre le travail fait par chacun et encourage tout le monde.
Utiliser Snapchat
Mais comment a-t-elle réussi à faire passer son application sur tous les téléphones ? Son arme secrète est Snapchat. Tous les élèves y sont. C’est là que Nathalie vient les chercher et constituer des groupes par classe. « Ils m’envoient dans Snapchat des messages vocaux en anglais. Ceux qui ne font pas le travail je peux toujours discuter en anglais avec eux . J’arrive ainsi à les raccrocher. J’ai tout le monde ! »
Reste à tenir la durée. « Plus le confinement dure, plus ça va être dur de retenir tous les élèves », estime t-elle. Déjà elle croule sous les messages des élèves. « Je passe des heures sur le smartphone ». Encourager, être présent même à distance c’est aussi enseigner.
François Jarraud