S’il est une discipline particulièrement difficile à transmettre à distance c’est les maths, une discipline où l’abstraction, voir la réflexion en 3 dimensions, sont importantes. Yvan Monka et Olivier Longuet, deux enseignants particulièrement expérimentés, partagent leurs méthodes mais aussi leurs choix pédagogiques et leurs doutes. En ce début de seconde semaine d’enseignement à distance, c’est sur la confiance des élèves que tout se construit…
Yvan Monka : Quand on se retrouve il y a de l’émotion
« On fonctionne en confiance ». Professeur de maths au lycée Schuman de Haguenau, Yvan Monka était en train de traiter la géométrie dans l’espace quand son lycée a fermé. « C’est un des chapitres les plus difficiles à enseigner à distance car il faut montrer les choses en 3 dimensions. En classe j’ai des stylos, des baguettes. Là il faut que je me débrouille. C4est galère, mais on fait avec ».
Sans surprise, pour suivre ses terminales, Yvan a opté pour des vidéos Youtube. Sa chaine est connue nationalement puisqu’il propose des cours pour tous les niveaux. Mais Y Monka utilise avec ses élèves Youtube en live. Une fonctionnalité de Youtube qui permet de transmettre en direct des vidéos accessibles avec un lien restreint aux initiés. « Les élèves me voient et je peux répondre à leurs question via un tchat intégré. Je fonctionne comme en classe », nous dit-il. Ensuite viennent les exercices et la correction au tableau.
Yvan Monka a choisi d’avancer dans son cours. Dans ses terminales S, il y a moins de risque de décrochage. « J’essaie de motiver les élèves. Si j’en perds sur un chapitre je les récupèrerai sur un autre. L’essentiel c’est que le fil ne casse pas ». Pas question par contre de faire des évaluations classiques. « La pression est déjà très forte. Il n’est pas besoin d’en ajouter, sans parler que les élèves sont dans des situations très inégales pour travailler ».
« Ils sont contents d’être là au rendez vous. Ca les rassure ce lien avec l’institution. On sent bien que quand on se retrouve il y a de l’émotion ».
Olivier Longuet : C’est beau la confiance
Olivier Longuet, professeur au lycée Alain Chartier de Bayeux, a du dire adieu à ses bricolages et manipulations mathématiques. Avec ses élèves de 2de et de 1ère, lui aussi utilise Youtube. « J’ai fait une quinzaine de vidéos sur Youtube avec des exercices corrigés ». Cela ne l’empêche pas de faire appel aussi aux vidéos de Yvan Monka. « Je leur propose aussi des activités ». O Longuet a aussi utilisé Ma classe à la maison où il a apprécié le tchat.
Pas question pour lui non plus de faire de vraies évaluations. Il n’y aura que des évaluations formatives. « Si on ne finit pas le programme on verra l’année prochaine comment rattraper les retards ».
Le décrochage est là aussi un vrai souci. « Le lycée m’a prévenu que quelques élèves n’ont pas d’accès Internet. On leur envoie du travail par la poste ». Mais ceux-ci sont isolés. « La majorité des élèves est contente de se retrouver même virtuellement.
Aussi Olivier Longuet travaille la relation avec les élèves. « Je suis épaté par la solidarité entre eux. Ils ont créé un groupe Discord. Ils se rappellent le travail à faire et ils s’entraident mais juste comme il faut. Ils m’impressionnent ! Je suis obligé de leur faire confiance. Je fais le pari qu’ils me fassent confiance. Tout cela se fait en ce moment. Et c’est beau la confiance réciproque que l’on se fait ».
Propos recueillis par François Jarraud